Vue de personnes fuyant après une nuit de bombardements israéliens agressifs sur des zones densément peuplées du sud de Beyrouth.
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"Nous sommes dans un endroit sûr, pour le moment"

Le lundi 30 septembre 2024

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Maryam, notre chargée de communication terrain depuis Beyrouth, nous raconte depuis une voiture des scènes de chaos dans les banlieues sud de Beyrouth.

Hier (ndlr : vendredi 26/09/2024), il y a eu une série de fortes explosions. Lorsque nous avons quitté le bureau, les frappes et les bombardements avaient déjà commencé, pendant que nous étions en réunion. Il y avait un embouteillage terrible. Quand je suis arrivée dans ma nouvelle maison vers 22 heures, mes proches avaient déjà quitté leurs foyers pour venir chez nous, pensant qu'il serait plus sûr d'être ici. Les gens dans d'autres quartiers environnants ont reçu des ordres d'évacuation de l'armée israélienne venant des banlieues sud. 

Depuis mon balcon, j'ai vu des dizaines de personnes marcher dans les rues, portant ce qu'elles avaient dans les mains : des sacs plastiques, des sacs à dos. Nous avons vu des gens fuir à pied, avec des bâtons et des sacs plastiques, jeunes et âgés. Certaines personnes fuyaient également dans des voitures. Nous n'étions pas dans le quartier ciblé, mais nous avons entendu des drones et des avions. Nous avons ressenti les bombardements. Tout à coup, il y a eu de l'obscurité, des incendies ont commencé partout, il y avait de la fumée, des gens toussaient dans les rues. Où aller maintenant ? Les routes sont-elles sûres ? Où devons-nous aller ? J'étais avec ma mère, mon frère et ma sœur.

Frappes au sud de Beyrouth.

J’ai quitté ma maison à Darieh, dans les quartiers Sud de Beyrouth, mardi pour celle-ci dans les montagnes libanaises que je viens de quitter à nouveau à cause des bombardements intenses de la nuit. J'avais un sac avec des éléments essentiels encore non déballés. Je l'ai pris. On nous avait dit qu'il valait mieux avoir des matelas en quittant un endroit, donc nous en avons mis deux dans notre voiture, et pris un pack d'eau. Je ne savais pas quoi faire. Tout à coup, des incendies se propageaient partout et j'ai entendu une énorme explosion. Nous étions si proches que nous avons entendu, ressenti et vu les frappes. Nous avons senti le bâtiment trembler. Il y a eu une énorme explosion à un endroit qui n'avait pas été déclaré touché. Il y avait des incendies et de la fumée autour. Je me disais que tout ce dont nous avions besoin, c'était d'un plan et d'agir : un plan et agir, ne pas attendre ici. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de ma maison et de celle-ci. Nous avons appelé autour de nous, avons conduit pendant quelques heures avant de décider où aller, et nous avons trouvé un endroit de l'autre côté des montagnes à 5 heures du matin. 

Nous avons eu beaucoup de chance de partir quand nous l'avons fait, car les incendies qui ont suivis les bombardements faisaient toujours rage. Nous avions juste besoin d'un endroit pour nous reposer un peu et voir où nous irions ensuite, et nous n'avons toujours pas dormi. Certains étaient encore dans leurs voitures. 

Nous continuons à regarder les nouvelles et des images de ce qui se passe. Nos équipes sont sur le terrain pour fournir de l'eau aux refuges et aux écoles à Beyrouth et au Mont-Liban et des kits d’hygiène. Ils ont fourni 86 000 litres d'eau en 24 heures. Nos équipes de santé mentale sont dans les rues pour offrir une première aide psychologique aux personnes qui sont allongées sur les trottoirs et dans les écoles, celles qui sont parties très rapidement. Je suis un travailleur humanitaire, mais maintenant je suis aussi devenue une personne déplacée par des frappes aériennes dans mon propre pays. Nous sommes maintenant dans un endroit sûr.

Vue de personnes fuyant après une nuit de bombardements israéliens agressifs sur des zones densément peuplées du sud de Beyrouth.

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