Séance de sensibilisation aux violences sexuelles et au planning familial avec des adolescents et des jeunes adultes vivant dans la rue dans un parc de Bangui.
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« MSF traite près de 20 000 survivantes et survivants de violences sexuelles en cinq ans, et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg »

Le mardi 24 octobre 2023

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« La violence sexuelle en RCA est une urgence de santé publique taboue et ne peut être traitée uniquement comme un problème lié au conflit armé, déclare Khaled Fekih, directeur pays MSF en République centrafricaine. Malgré certains développements positifs au cours des cinq dernières années, de nombreuses survivantes de violences sexuelles (95% sont des femmes) ne signalent pas leur cas et ne cherchent pas à se faire soigner.

Nous savons que le nombre de patients examinés n'est encore que la partie émergée de l'iceberg. Le gouvernement centrafricain et d'autres organisations humanitaires nationales et internationales doivent prendre des mesures plus concrètes pour remédier à cette situation ».

Si davantage de survivantes et survivants de violences sexuelles ont eu accès à une assistance au cours des cinq dernières années, de nombreuses lacunes subsistent partout : de la fourniture de soins médicaux complets aux de soins de base, des soins psychiatriques les plus sophistiqués pour les cas compliqués au soutien psychosocial primaire. Les survivantes n’ont pas non plus accès à la protection ni au soutien socio-économique et juridique.

« Les patients sont confrontés à de nombreux obstacles pour obtenir des soins en temps voulu, notamment la peur, le manque de moyens de transport ou de ressources, l'inefficacité des parcours de soins..., explique Liliana Palacios, conseillère en santé de MSF. Dans certains endroits, MSF a reçu des patients ayant parcouru 130 kilomètres, ce qui peut représenter de très longues heures voire jours de voyage vu le mauvais état du réseau routier en RCA.

Parfois, les patientes et patients n'ont cherché à se faire soigner que plusieurs années après avoir subi les agressions. »

La violence sexuelle en RCA va bien au-delà du conflit. Au cours de la période analysée, il a été constaté qu’une minorité d'agresseurs étaient armés (environ 20%) et que la grande majorité d'entre eux faisaient partie de l'entourage proche de la victime (environ 70%). Malheureusement, les auteurs restent très peu condamnés en raison d'une impunité flagrante, tandis que les survivants sont confrontés à une stigmatisation aiguë et à des obstacles considérables pour poursuivre une vie normale au sein de la communauté. Afin de leur permettre de réintégrer la société et ne pas être pénalisés alors qu’ils ont besoin d’aide, les survivants doivent avoir accès à un soutien juridique et à une assistance socio-économique.

Séance de sensibilisation aux violences sexuelles et au planning familial avec des adolescents et des jeunes adultes vivant dans la rue dans un parc de Bangui.

Entre 2018 et 2022, MSF a multiplié par trois le nombre de patients vus, tandis que d'autres organisations l'ont multiplié par deux. Plus de 34 400 personnes ayant subi des violences sexuelles ont été prises en charge en République centrafricaine au cours de ces cinq années, et plus de la moitié d'entre elles (57%) ont été reçues par MSF.

Une approche collective et holistique beaucoup plus forte est nécessaire pour faire plus, plus vite et mieux. L’approche doit être centrée sur les survivants et leurs besoins, basée sur la confidentialité, l'empathie, et le respect », déclare Khaled Fekih. 

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