MSF met fin aux activités du Geo Barents et s'engage à retourner en Méditerranée centrale
En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :
Médecins Sans Frontières a annoncé aujourd'hui qu'elle cessait ses opérations à bord de son navire de sauvetage, le Geo Barents, qui était opérationnel depuis juin 2021. Les lois et politiques italiennes ont rendu impossible la poursuite du modèle opérationnel actuel. MSF va entamer un processus pour évaluer le meilleur modèle opérationnel dans cet environnement difficile, et s'engage à reprendre les activités de recherche et de sauvetage.
MSF réaffirme son engagement ferme envers les personnes en déplacement, en particulier celles qui entreprennent le dangereux voyage à travers la mer Méditerranée centrale, une route où plus de 31 000 personnes sont mortes ou ont disparu depuis 2014.
MSF reviendra dès que possible pour mener des opérations de recherche et de sauvetage sur l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Nous reviendrons pour témoigner et dénoncer les violations commises contre les personnes en déplacement par les États membres de l’UE, en particulier par l’Italie, et les autres acteurs de la région », a déclaré Juan Matias Gil, représentant MSF pour les opérations de recherche et de sauvetage.
Au cours des deux dernières années, le Geo Barents a fait l’objet de quatre sanctions de la part des autorités italiennes, qui lui ont imposé un total de 160 jours de détention au port. Ces sanctions n’ont servi qu’à punir le navire pour avoir simplement rempli son devoir humanitaire et légal de sauver des vies en mer. Ces mesures punitives ont été prises en vertu du décret Piantedosi, une loi introduite par le gouvernement italien au début de l’année 2023. En décembre 2024, l’Italie a encore renforcé la sévérité des sanctions en facilitant et en accélérant la confiscation des navires de recherche et de sauvetage humanitaires.
La pratique des autorités italiennes consistant à confier le débarquement des personnes secourues en mer à des ports éloignés, souvent situés dans le nord du pays, a encore davantage affaibli la capacité du Geo Barents à sauver des vies en mer et à être présent là où il est le plus nécessaire. Depuis la mise en œuvre du décret Piantedosi, le Geo Barents a passé six mois à naviguer vers et depuis des ports éloignés au lieu de porter assistance aux personnes en détresse.
En juin 2023, les autorités italiennes ont ordonné au Geo Barents, qui peut accueillir jusqu'à 600 personnes à bord, de se diriger vers La Spezia, dans le nord de l'Italie, pour débarquer 13 survivants. Cela équivaut à parcourir plus de 1 000 kilomètres, malgré la disponibilité de ports beaucoup plus proches.
Après mûre réflexion, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il est intenable d’exploiter le Geo Barents dans le cadre de lois et de politiques italiennes aussi absurdes et insensées. La capacité de sauvetage des navires humanitaires est largement sous-utilisée et activement mise à mal par les autorités italiennes », déclare Juan Matias Gil.
« Les lois et les politiques italiennes témoignent d’un véritable mépris pour la vie des personnes qui traversent la Méditerranée. Les histoires de dizaines de milliers de survivants résonnent partout sur le Geo Barents. Des bébés ont fait leurs premiers pas sur ces ponts, des gens ont pleuré leurs proches », explique Margot Bernard, coordinatrice du projet MSF.
Quand les politiques de dissuasion européennes causent tant de souffrances et coûtent tant de vies, nous avons le devoir de persister en faveur de l’humanité. »
MSF est active et engagée dans des activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale depuis 2015, travaillant sur huit navires différents (seule ou en partenariat avec d'autres ONG) et sauvant plus de 94 000 personnes. MSF exploite son dernier navire de sauvetage, le Geo Barents, depuis juin 2021, avec 12 675 personnes secourues et mises en sécurité dans 190 opérations de sauvetage. Au cours de cette période, l'équipe a également récupéré les corps de 24 personnes et a aidé à l'accouchement d'un bébé.
Au cours des deux années qui ont suivi la mise en œuvre du décret Piantedosi, MSF a épuisé tous les recours légaux et fait appel des sanctions punitives et de la pratique des ports éloignés devant les tribunaux italiens, obtenant avec succès deux suspensions d'ordres de détention de 60 jours. MSF et d'autres ONG ont également déposé cinq plaintes individuelles auprès de la Commission européenne, l'exhortant à examiner les restrictions à la lumière du droit de l'UE, mais elles n'ont pas abouti jusqu'à présent.