MSF étend son aide pour répondre aux besoins non satisfaits en Syrie

La chute de l'ancien gouvernement syrien le 8 décembre 2024 a marqué un tournant décisif dans le pays après près de 14 ans de guerre. Médecins Sans Frontières  a désormais accès à des zones auparavant inaccessibles contrôlées par l'ancien gouvernement, où nous n'étions pas autorisés à travailler. Les conséquences directes et indirectes du conflit sont dramatiques, avec 16,5 millions de personnes ayant besoin d'aide et des besoins humanitaires généralisés.

Les besoins sanitaires de la population syrienne ont été négligés pendant plus d'une décennie, même dans les zones indirectement touchées par le conflit. Pendant la guerre, les structures de santé ont été systématiquement endommagées ou détruites, laissant aujourd'hui les Syriens avec peu ou pas d'accès aux soins de santé dans certaines régions, en particulier dans les zones rurales. 

De nombreux établissements de santé encore debout sont soit partiellement fonctionnels, soit totalement hors service en raison d'énormes difficultés telles que l'insuffisance des ressources humaines. Les établissements de santé fonctionnels ont du mal à répondre aux besoins sanitaires exacerbés par le conflit. 

Les personnes atteintes de maladies non transmissibles, par exemple, vivent sans pouvoir bénéficier des traitements dont elles ont besoin. Après des années d'effondrement économique, neuf Syriens sur dix vivent dans la pauvreté, ce qui rend les médicaments disponibles dans le pays inabordables pour beaucoup.

Alors que les besoins sont énormes partout, les coupes budgétaires sévères imposées aux programmes humanitaires à l'échelle mondiale ont eu un impact sur tous les secteurs de l'aide en Syrie, y compris le système de santé. De nombreuses organisations ont dû retirer brusquement leur soutien, obligeant certains hôpitaux et centres de santé à prendre la décision difficile de réduire leurs activités ou de fermer complètement. 

Rapprocher les soins des communautés 

« Compte tenu des besoins énormes en matière de soins de santé en Syrie, MSF a étendu ses activités à 11 des 14 gouvernorats », explique Brian Moller, chef de mission MSF en Syrie. « L'objectif principal de nos opérations est de répondre aux besoins médicaux et humanitaires de la population, en rapprochant les soins des communautés qui n'y ont peut-être pas accès. » 

MSF gère un hôpital spécialisé dans le traitement des brûlés et co-gère un hôpital avec la Direction de la santé [Idlib], en plus de soutenir quatre autres hôpitaux dans des domaines tels que les soins d'urgence [Deir Ez-Zor], le traitement de la malnutrition [Raqqa] et les soins maternels [Daraa], et de dispenser des formations sur les accidents impliquant un grand nombre de victimes et des formations de renforcement des capacités au personnel d'autres établissements à travers le pays. Nous soutenons également les services de traitement des brûlés de cinq hôpitaux en Syrie, en aidant le ministère de la Santé à développer un réseau d'unités de traitement des brûlés.

MSF travaille également dans 15 établissements de santé tels que des centres de soins de santé primaires et des cliniques à travers le pays. Parmi les activités menées ou soutenues par MSF figurent les consultations ambulatoires, les soins pour les maladies non transmissibles, les services de santé sexuelle et reproductive et le soutien en matière de santé mentale. En outre, nous gérons des cliniques mobiles afin de garantir l'accès aux soins primaires dans les communautés mal desservies [Alep, Idlib et la campagne de Damas].

Retour sur les décombres et les vestiges de la guerre

En juillet 2025, on estime que plus de 1,5 million de Syriens déplacés à l'intérieur du pays sont retournés dans leur région d'origine depuis fin novembre 2024, et que plus de 641 000 réfugiés syriens ont regagné la Syrie depuis les pays voisins depuis début décembre 2024. 

Mais ils ne rentrent pas nécessairement chez eux. Les gens sont revenus dans un pays largement détruit, où les infrastructures civiles telles que les maisons, les réseaux électriques et les sources d'eau ont été gravement endommagées. Les habitations étant fortement endommagées, les gens vivent dans des maisons en ruines et des bâtiments totalement dangereux, ce qui les expose à des risques de blessures traumatiques.

En outre, les rapatriés sont confrontés à un risque mortel lié aux munitions non explosées et aux mines terrestres, qui sont disséminées dans les maisons et les terres agricoles, ce qui entrave leur capacité à reconstruire leur vie.

Le manque d'accès à l'eau et à l'assainissement menace la santé

L'accès à l'eau potable dans les zones de retour ainsi que dans les camps et les lieux d'accueil des personnes déplacées représente un défi considérable, aggravé par le manque d'électricité, la sécheresse et la destruction des infrastructures. En conséquence, les populations dépendent de l'eau distribuée par camions, ce qui comporte un risque de contamination. Les systèmes d'assainissement et de gestion des déchets fonctionnent au mieux partiellement, voire sont complètement détruits dans certaines zones. 

« MSF s'inquiète des conséquences sanitaires des mauvaises conditions d'approvisionnement en eau et d'assainissement que nous constatons dans les zones de retour et les camps de déplacés », déclare Caroline Chestnutt, responsable des activités eau et assainissement de MSF en Syrie. « Les conditions de vie désastreuses continuent d'exposer les populations à des risques de maladies infectieuses telles que les infections cutanées et les maladies d'origine hydrique telles que la diarrhée aiguë et chronique. »

MSF mène des activités liées à l'eau et à l'assainissement dans les zones de retour et les camps de déplacés à travers la Syrie, avec des équipes qui réhabilitent des puits et fournissent de l'eau potable aux habitants.

« Le travail de nos collègues syriens a été essentiel pour maintenir nos activités tout au long du conflit. MSF reste fermement engagée à défendre les besoins les plus urgents et à combler les lacunes systématiques qui entravent l'accès aux soins médicaux essentiels », déclare Brian Moller.