Portrait d'Agy Agy, superviseur logistique chez MSF à Cabo Delgado, Mozambique.
Actualité
InternationalMozambiqueToutes les actualités

Mozambique : « Pour pouvoir réagir rapidement et s'assurer que la distribution est bien faite, nous devons toujours être en alerte »

Le jeudi 11 août 2022

En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :

«Je suis chargé de faire des distributions d'articles de secours dans diverses zones de Cabo Delgado. J'ai commencé à travailler pour MSF dans ma ville natale, Mocímboa da Praia, mais j'ai été contraint de déménager dans le sud de la province lorsque la ville a été fortement attaquée, pour la deuxième fois, en 2020.

J'aime vraiment mon travail. Je suis très heureux quand je ressens la satisfaction d'aider les autres. Chaque fois que je suis sur le terrain, je ressens cela.

Nous avons distribué des kits d'urgence à de nombreuses personnes qui fuient leur maison par peur. Pour pouvoir réagir rapidement et s'assurer que la distribution est bien faite, nous devons être toujours en alerte. Lorsque nous entendons parler d'une nouvelle attaque, on se demande immédiatement "connaissons-nous des gens dans cette région?". Nous appelons généralement les chefs des villages voisins et ils nous disent où les gens ont fui. Nous prenons aussi le temps d'expliquer qui est MSF et quels sont nos principes, mais ce n'est pas un problème. MSF est généralement très bien acceptée ici. Nous travaillons à Cabo Delgado depuis un certain temps maintenant et les gens connaissent déjà notre travail et lui font confiance.

Une fois que nous avons compris l'ampleur de la situation, nous contactons le gouvernement local pour obtenir une liste officielle des personnes qui ont été déplacées et qui devraient recevoir les kits. De là, l'équipe d'approvisionnement de MSF prépare les kits et les charge sur des camions. Dans l'un de nos entrepôts, par exemple, nous gardons toujours 2 000 kits prêts en cas d'urgence.

Les kits de secour sont assemblés par l'équipe logistique de la ville de Montepuez, Cabo Delgado, Mozambique.

Une fois arrivés à l'endroit où se trouvent les personnes, la veille de la distribution, nous distribuons des tickets aux personnes récemment déplacées en nous basant sur la liste officielle, afin qu'elles puissent récupérer les kits. Ceci est crucial pour que tout se passe bien. Nous concevons un circuit avec un point d'entrée, un endroit où nous distribuons les kits et un point de sortie. Une partie de mon rôle le jour de la distribution consiste également à me promener, à parler aux gens et à voir s'il y a des problèmes. C'est un peu comme la médiation des conflits, vous savez ? Parfois, les familles déplacées arrivent dans des zones où vivaient déjà des communautés locales et cela peut créer des tensions.

Agy Agy donne un ticket à une femme récemment déplacée our qu'elle puisse récupérer un kit de secours, à Mumane, Montepuez.

Les gens arrivent toujours en mauvais état. Beaucoup arrivent sans rien, pas même un abri. Nous distribuons des choses comme des bâches en plastique, des couvertures, des casseroles et des brosses à dents, par exemple. Ces choses peuvent être très utiles.

Pour moi c'est très émouvant, car j'ai vécu la même situation.

Les personnes récemment déplacées retournent là où elles se sont installées avec des articles de première nécessité distribués par MSF à Mumane, Montepuez, Cabo Delgado.

Après la première attaque sur Mocímboa da Praia en 2017, ma famille a décidé de rester car nous pensions que la situation n'était pas si alarmante. La nuit de l'attentat de juin 2020, je dormais, seul dans une maison, et soudain j'ai entendu de nombreux coups de feu et des cris d'hommes. Ce jour-là, j'ai passé 24 heures à me cacher et à ne boire que de l'eau. J'ai rapidement réussi à contacter des amis et nous sommes sortis en marchant dans les bois. J'ai marché 43 kilomètres jusqu'à la ville d'Awasse et j'ai été conduit à Mueda, où je suis resté quelque temps.

Puis, le temps passant, les choses se sont calmées et j'ai réussi à entrer en contact avec ma famille. Aujourd'hui, nous allons tous bien, mais je sais ce que c'est que de vivre cela. Donc, en aidant d'autres personnes déplacées, je me sens très heureux.

Nos actualités en lien