Cliniques mobiles dans les communes rurales de Madagascar.
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Madagascar : en pleine saison cyclonique, les populations du Sud frappées de plein fouet

Le lundi 7 avril 2025

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En deux semaines, les habitants du Sud de Madagascar ont été touchés par deux phénomènes climatiques extrêmes. Le 28 février, le cyclone Honde a frappé cinq régions du Sud de Madagascar, dont Androy, Anosy et Atsimo Andrefana, avec des vents allant jusqu’à 165 km/h. Deux semaines plus tard, la tempête Jude a touché à nouveau trois de ces régions. Au total, plus de 200 000 personnes ont été affectées, dont 46 000 ont dû quitter leur foyer et 13 sont décédées. Les inondations et les vents violents ont endommagé des infrastructures essentielles et submergé des milliers d’hectares de cultures.

« Notre vie a été complètement bouleversée par le cyclone Honde. Un mois plutôt (février), nous avions déjà été frappé par une tempête. Je vous avoue que l’avenir s’annonce très difficile » - confie Jean Biscotin, un habitant de la commune rurale de Behompy, l’une des plus touchées dans la région Atsimo Andrefana par le passage de Honde. « Ce qui me fait le plus peur maintenant, c’est que d’autres cyclones nous frappent encore » ajoute-il. Une semaine plus tard, la tempête Jude frappait une nouvelle fois le sud de Madagascar.

Dans la commune de Behompy du district de Tuléar II, Nordine, une agricultrice de 42 ans, témoigne : 

Je ne saurais expliquer combien c'est difficile et comment on souffre. Aujourd’hui, nous n’avons plus rien : ni nourriture, ni abri. Les cyclones ont ravagé nos terres. Les récoltes qu’on aurait dû manger maintenant ont, toutes, été détruites ou emportées par les eaux. Nos maisons sont ravagées. »

 Comme elle, de nombreuses familles ont tout perdu après le passage de Honde et Jude.

Début mars, les équipes MSF se sont rendues dans le Sud-Ouest de l’île, une des zones les plus touchées afin de répondre aux besoins urgents. Ainsi, le 5 mars 2025, Médecins Sans Frontières a initié une intervention dans le district de Tuléar II, d’abord en réponse à Honde, puis en élargissant leurs actions après le passage de Jude.

Cliniques mobiles à Madagascar

Huit sites de cliniques mobiles ont été déployées dans sept communes les plus touchées – Behompy, Belalanda, Miary, Betsinjaka, Anakao, Beheloka et Soalara Sud – permettant à 2 817 personnes de recevoir des soins médicaux en collaboration avec les autorités locales. Des distributions de vivres et de kits d’hygiène ont permis de soutenir 1 289 ménages sinistrés. Pour assurer la prise en charge des cas de malnutrition aiguë sévère dépistés en cliniques mobiles, MSF a fait une donation de médicaments au district de santé de Tuléar II.

Le district de Tuléar II situé dans la région Atsimo Andrefana, est une zone fortement isolée et durement touchée par le passage de ces deux phénomènes. L’accès est devenu encore plus difficile après le passage de Honde et Jude. Il a fallu trois jours aux équipes d’urgence MSF pour atteindre les communes sinistrées.

« L’état des routes s’est détérioré au fur et à mesure que nous avancions. Quatre jours après le passage de Honde, beaucoup restaient inondées ou obstruées, rendant l’accès aux zones les plus touchées très compliqué », explique Narcisse WEGA, chef de mission MSF à Madagascar. « Pour certaines villes côtières, les routes étaient devenues inaccessibles, il nous a fallu prendre la mer. Mais, la montée des vagues après le passage des cyclones empêchait toute traversée maritime, retardant les interventions. Nos équipes ont dû attendre plusieurs jours avant de pouvoir atteindre ces localités », ajoute-t-il.

Les terres sont toujours inondées après le passage du cyclone Honde.

Les conséquences médicales des inondations et des destructions étaient tangibles. « Les cyclones ont endommagé le système solaire qui assurait la chaîne de froid du district, stoppant la vaccination de routine des enfants et mettant leur santé en danger. » , témoigne Narcisse WEGA. « À Ankilimivony, dans le district de Tuléar II - grandement touchée par la tempête Jude, nous avons trouvé un centre de santé dont la toiture avait été arrachée par les vents violents.Sans toiture, le centre de santé n’était plus fonctionnel. Les agents de santé sur place ont dû utiliser leur propre maison afin de continuer à prendre en charge les malades. » poursuit-il. Afin d’assurer la bonne reprise des activités, MSF a remis du matériel au centre de santé d’Ankilimivony afin de contribuer à sa réhabilitation.

Dans le Sud de Madagascar, une région marquée par des épisodes récurrents de sécheresse et un accès limité aux infrastructures de base, les cyclones viennent perturber un équilibre déjà fragile. La majorité des habitants de ces zones rurales sont des agriculteurs. Leurs moyens de subsistance dépendent des conditions climatiques, ce qui les expose particulièrement aux chocs environnementaux. Une situation qui a déjà été observée dans le district d’Ikongo de la région de Fitovinany, où MSF intervient depuis 2022.

Clinique mobile à Madagascar

Au-delà de l’urgence, ces catastrophes successives posent la question de la résilience des communautés face aux impacts du changement climatique sur la santé et les conditions de vie des communautés. « Nous sommes particulièrement inquiets face à la fréquence croissante de ces chocs climatiques. À ce rythme, il devient de plus en plus difficile pour les communautés de se relever après chaque catastrophe », explique Narcisse WEGA – Chef de mission pour MSF Madagascar.

Depuis le début de l’année, après une saison des pluies anormalement sèche, le pays a subi trois cyclones et plusieurs épisodes de fortes pluies, dont ceux du 16 février et du 22 mars à Antananarivo la capitale, où MSF a distribué des vivres et des kits d’hygiènes aux personnes affectées.

À Madagascar, MSF collabore régulièrement avec les autorités locales pour répondre aux urgences épidémiologiques et aux catastrophes naturelles. En 2022, nos équipes sont intervenues après les cyclones Batsirai et Emnati, d'abord pour soutenir les personnes affectées, puis pour la prise en charge des patients atteints de malnutrition. Aujourd’hui, MSF poursuit ses actions dans le district Ikongo en offrant des soins de santé primaires et infantiles.

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