Un jeune patient atteint de rougeole est traité avec une pommade au zinc à Maiduguri, au Nigeria © Georg Gassauer
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Les admissions liées à la rougeole atteignent un record dans nos structures à Maiduguri

Le lundi 12 février 2024

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Les admissions liées à la rougeole dans les structures de Médecins Sans Frontières (MSF) à Maiduguri, dans le nord-est du Nigéria, ont connu un pic entre octobre et décembre 2023, atteignant un nombre record. Malgré les efforts de vaccination, cette situation préoccupante appelle à un renforcement rapide des campagnes de vaccination de routine.

En 2023, les équipes de MSF ont traité un total de 9 618 patients atteints de rougeole dans ses deux structures de santé - l'hôpital pédiatrique de Gwange et l'hôpital nutritionnel de Nilefa Kiji - et dans les centres de soins de santé primaires (SSP) soutenus par MSF à Maiduguri. « Nous ne nous attendions pas à un tel afflux de patients, en particulier à la fin de l'année », explique Abdulwahab Mohamed, coordinateur médical de MSF, en référence aux 3 965 patients traités d'octobre à décembre, soit près de trois fois plus que pour la même période en 2022.

Le Dr Jombo Tochukwu-Okoli, responsable des activités médicales de MSF à l'hôpital pédiatrique de Gwange, attribue cette hausse alarmante du nombre de cas à l'incapacité des acteurs de la santé publique « à atteindre le taux de vaccination de 95%, nécessaire pour éradiquer la rougeole ».

 « Cela est notamment dû aux difficultés rencontrées par les agents de santé pour accéder aux communautés rurales entourant Maiduguri », poursuit le Dr Tochukwu-Okoli, l'insécurité ayant rendu les campagnes de vaccination difficiles à mener.

Ce n'est pas la seule difficulté empêchant d’atteindre une meilleure couverture. L'interruption de la vaccination systématique des enfants pendant la pandémie de Covid-19 a perturbé les systèmes de santé, ce qui a eu un impact négatif sur la mise en œuvre des campagnes d'immunisation systématique. Des complications techniques ont également entraîné des interruptions dans la chaîne du froid, ce qui a rendu le vaccin défectueux.

Maryam Umar, connue dans la communauté sous le nom de Mama Yousef, berce l'une de ses jumelles qui a survécu à la rougeole. © Georg Gassauer/MSF

En 2021, le fils de Maryam Umar a contracté la rougeole. Consciente du danger que représente la maladie pour les jeunes enfants, Maryam a emmenés son fils à l'hôpital Gwange de Maiduguri, géré par MSF, où il est finalement décédé.

J'ai eu très peur et j'ai commencé à pleurer quand il a eu la rougeole parce que je connaissais la gravité de la maladie », se souvient cette mère de six enfants.

 L'année dernière, lorsque sa fille cadette a contracté la rougeole, Maryam n'a pris aucun risque. Elle l'a immédiatement amenée à l'hôpital de Gwange, où le personnel de MSF gère deux services dédiés au traitement de la rougeole. La petite fille est sortie de l'hôpital après une semaine d'oxygénothérapie.

La rougeole est l'une des maladies virales les plus contagieuses au monde. Infectant les cellules immunitaires, le virus se propage rapidement dans tout le corps et finit par affecter le système respiratoire. Il provoque alors une toux qui peut transmettre le virus à d'autres personnes. 

Un enfant infecté peut transmettre le virus à 9 à 12 autres enfants non vaccinés », explique le Dr Tochukwu-Okoli. 

Bien qu'il n'existe actuellement aucun remède spécifique pour traiter la rougeole, il existe des médicaments vitaux qui permettent de stabiliser les patients et de prévenir les complications.

Comme le virus affecte le système immunitaire, il peut entraîner de graves complications longtemps après la disparition de la rougeole. C'est ce qui rend le virus si mortel, car il expose l'enfant à d'autres maladies, notamment diarrhéiques. Le Dr Tochukwu-Okoli s'inquiète de l'importance d'un pic de rougeole dans un contexte où la malnutrition est si répandue :

 La rougeole est connue pour précipiter la malnutrition », en raison de l'impact dégénératif du virus sur la muqueuse gastro-intestinale. 

La diarrhée, poursuit le Dr Tochukwu-Okoli, « empêche l'enfant de retenir et d'absorber les nutriments dans la phase post-rougeoleuse et le prive de micronutriments essentiels, ce qui affaiblit encore son immunité ».

Un agent communautaire de MSF fournit des informations essentielles à un groupe de soignants à Gwange, Maiduguri. L'objectif de ces présentations est de fournir aux soignants de la communauté des informations essentielles sur des maladies telles que la rougeole. © Georg Gassauer/MSF

Dans le nord-est du Nigeria, où l'accès aux aliments nutritifs est limité selon les saisons, des maladies comme la rougeole, entre autres facteurs, entraînent des niveaux plus élevés de malnutrition et créent un cercle vicieux, car le statut de malnutrition entraîne également une suppression immunitaire supplémentaire. Il en résulte une morbidité et une mortalité accrues liées à la rougeole et à d'autres maladies.

La situation complexe en matière de sécurité dans le nord du pays, les réductions importantes des financements accordés au Nigeria par les donateurs internationaux et la négligence constante des infrastructures de santé publique sont alarmantes. Compte tenu de la forte prévalence des épidémies évitables par la vaccination, telles que la rougeole, la diphtérie et la méningite, MSF appelle les parties prenantes nationales et internationales à ne pas détourner le regard sur ce qui pourrait conduire à une aggravation de la crise humanitaire en 2024.

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