Le projet Couffo célèbre son premier anniversaire
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Après 15 ans d'absence, l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) est de retour au Bénin, pays d'Afrique de l'Ouest, où elle a ouvert deux projets l'année passée : un dans le sud-ouest visant à renforcer les soins de santé pour les mères et les enfants, et un second dans le nord, pour aider les personnes affectées par la malaria et par les récentes violences. Une population qui a donc du mal à accéder aux soins médicaux.
Dans le département du Couffo, au sud-ouest, les équipes MSF travaillent dans quatre centres de santé et à l’hôpital de zone, région où les taux de mortalité maternelle et néonatale sont élevés. Ce qui signifie que les nouveau-nés et les femmes enceintes courent un risque élevé de mourir avant, pendant ou peu après l'accouchement.
Le Bénin a enregistré 397 décès maternels pour 100 000 enfants nés vivants en 2020. En comparaison, la moyenne mondiale est de 223 décès, alors qu’en Europe, ce taux est de seulement huit femmes sur 100 000 enfants nés vivants. Les nouveau-nés au Bénin sont également exposés au risque : le taux de mortalité néonatale du pays est de 30 décès pour 1 000 naissances, contre une moyenne mondiale de 18 décès pour 1 000.
De nombreux patients de MSF ont perdu un enfant.
Kèmy, 23 ans, a déjà été endeuillée à deux reprises. « Je suis mère de trois enfants, dont deux sont malheureusement décédés », raconte-t-elle. Le premier est décédé à l’âge de 18 mois et les causes de son décès sont inconnues. Il est décédé à son domicile où il recevait des soins traditionnels. Mon deuxième enfant est mort-né à six mois [de grossesse]. Mon troisième enfant est né à la maison avec l'aide d'une accoucheuse traditionnelle ».
Seulement 38% des habitants du département du Couffo sollicitent des soins médicaux conventionnels dans les centres de santé de la région.
Cela est en partie dû à une pénurie de personnel de santé qualifié dans la région, mais cela reflète également une dépendance à l'égard de la médecine traditionnelle et de ses croyances. De plus, la plupart des femmes choisissent d’accoucher à la maison, ce qui peut augmenter les risques pour celles qui subissent des complications.
Les équipes MSF à Couffo fournissent aux femmes enceintes et aux nouvelles mamans des soins avant et après leurs accouchements. Elles les aident à accoucher en toute sécurité, dans le but d'augmenter les taux de survie des mères et des nouveau-nés. Les équipes donneront également bientôt des soins aux survivantes de violences sexuelles.
Mireille, nouvelle maman, fait partie de celles qui ont bénéficié d'une prise en charge médicale constante tout au long de sa grossesse et lors de son accouchement. « Quand je suis tombée enceinte, je me suis immédiatement rendue au centre de santé », raconte-t-elle. « Les agents de santé de mon village m'ont soignée depuis le début de ma grossesse jusqu'à l'accouchement. Pendant mon travail, j'ai eu une complication. Tout s’est bien passé parce que j’ai été bien prise en charge. »
Depuis l'ouverture du projet MSF à Couffo en octobre 2023, les équipes travaillant dans les quatre centres de santé de Toviklin, Tohou, Adjahonmé et Lokogba et dans l’hôpital de zone de Klouékanmè ont assuré 8 044 consultations prénatales et postnatales et aidé 2 677 femmes à accoucher, notamment en réalisant 797 césariennes d'urgence.
MSF a également fourni aux centres de santé du matériel médical, notamment des concentrateurs d'oxygène, du matériel de stérilisation et des analyseurs d'hémoglobine. MSF finance également du personnel de santé supplémentaire. Parallèlement, MSF a organisé des sessions de formation pour le personnel de santé existant afin de renforcer ses compétences techniques. Ceci a contribué à l’augmentation de nombre de patients dans les quatre centres et à l’hôpital.
Les équipes MSF travaillent également avec la communauté au sens large et l'encourage à assumer la responsabilité de la santé de ses membres. Elles ont formé des femmes volontaires à l'administration de vaccins, au traitement des infections sexuellement transmissibles, à la fourniture de soins prénatals et postnatals et à la détection des signes avant-coureurs pendant la grossesse et après l'accouchement. Ces femmes sont désormais équipées pour prodiguer des soins et des conseils aux mères et aux nouveau-nés.
Une formation aux soins aux survivantes de violences sexuelles, ainsi qu’aux soins en matière d’avortement et de post-avortement sans risque, va être également accessible prochainement à celles qui en font la demande.
Travailler avec et au sein de la communauté est essentiel », explique Ousmane Dakao, coordinateur du projet MSF à Couffo. Nous avons utilisé différents moyens pour gagner la confiance des femmes et augmenter le nombre de patients fréquentant les établissements en soutenant les membres bénévoles de la communauté, en proposant des consultations prénatales gratuites et en déplaçant régulièrement les équipes de nos centres de santé dans les villages éloignés. »
MSF prévoit également de fournir à la communauté des ambulances tricycles dans les mois à venir pour faciliter le transport des femmes enceintes souffrant de complications depuis leur domicile vers les centres de santé.
Une détérioration du contexte sécuritaire
Le travail de MSF au Bénin ne s’arrête pas là. À l'autre bout du pays, MSF a ouvert en août 2023 un projet malaria et d'intervention d'urgence dans le département de l'Atakora, au nord-ouest du Bénin, endroit où la détérioration de la situation sécuritaire le long des frontières avec le Burkina Faso a entraîné une augmentation de violence et le déplacement d’un grand nombre de personnes.
MSF soutient également les autorités béninoises pour répondre à toute urgence sanitaire et humanitaire liée aux conflits, aux épidémies ou à des catastrophes naturelles. MSF a mis en place un système de surveillance, d'alerte précoce et aide les établissements de santé à mettre en place des plans d'urgence, en cas d’afflux massif de blessés par exemple.