Un homme marche seul dans les rues détruites de Port-au-Prince après les combats entre les groupes armés et les forces de police. Haïti, mars 2024. © Corentin Fohlen/ Divergence
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L’approvisionnement médical vital empêché par le blocage des ports

Le mercredi 22 mai 2024

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Depuis la fin du mois de février, Port-au-Prince est en proie à une violence sans précédent, isolant la capitale haïtienne du monde extérieur suite à la fermeture de l'aéroport et des ports. L’insécurité croissante perturbe gravement les opérations médicales de Médecins Sans Frontières (MSF), qui n'a pas pu importer de médicaments et de matériel médical depuis mi-mars. Le système de santé haïtien est encore plus gravement impacté, laissant la population sans accès aux services de soins essentiels dans ce contexte de violence. 

MSF lance un appel urgent aux groupes armés impliqués dans les combats et aux autorités en charge des douanes pour qu'ils facilitent l'acheminement des fournitures médicales à la population civile qui en urgemment besoin.

Si nous ne recevons pas notre matériel médical dans les deux prochaines semaines, nous serons contraints de réduire considérablement nos opérations », déclare Mumuza Muhindo Musubaho, chef de mission de MSF.

« Nous avons dû augmenter notre capacité de réponse pour faire face à l'afflux de patients, mais en raison d'une forte consommation de médicaments, nous sommes actuellement en rupture de stock ».

Plus de 30 centres médicaux et hôpitaux ont fermé leurs portes, dont le plus grand, l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti, en raison d'actes de vandalisme, de pillages ou parce qu'ils sont situés dans des zones peu sûres. La fermeture de l'aéroport et des ports en février a entraîné des ruptures de stock critiques pour les structures médicales de MSF. « Dans cette situation d'urgence, les procédures douanières doivent être plus souples, afin que les médicaments et autres fournitures puissent être livrés aussi rapidement que possible », alerte Mumuza Muhindo Musubaho. 

Malgré la réouverture récente de l'aéroport de Port-au-Prince, une coopération plus large est nécessaire pour accélérer les procédures douanières.

Des personnes dans les rues du quartier de Bel Air à Port-au-Prince où des groupes armés échangent des coups de feu avec la police. Haïti, mars 2024. © Corentin Fohlen

Alors que l'approvisionnement se raréfie pour MSF et les autres acteurs médicaux, la population fait face à des besoins médicaux et humanitaires urgents. Les personnes souffrant de maladies chroniques, telles que la tuberculose et le VIH, risquent de voir leur état s'aggraver en raison du manque d'accès aux soins et à des médicaments vitaux. Les conditions insalubres dans les nombreux sites de déplacés qui s’étalent dans Port-au-Prince augmentent le risque de maladies transmises par l'eau comme le choléra.

L'hôpital MSF de Carrefour, ouvert en mars en réponse à la recrudescence de la violence, illustre ces défis. Initialement stockées pour six mois, les réserves de l'hôpital ont rapidement diminué en raison de l'augmentation du nombre de patients. 

Dans ce contexte, tout devient un défi. Même l'achat de papier pour les rapports médicaux est un gros problème ces jours-ci », explique Jean Baptiste Goasglas, coordinateur de projet MSF. 

Sur l'ensemble des projets MSF dans le pays entre mars et avril 2024, les équipes MSF ont assuré 9 025 consultations externes, traité 4 966 cas urgents, dont 869 blessés par balle et 742 victimes d'accidents de la route, et admis 99 patients gravement brûlés à l'hôpital de Tabarre, dont la moitié étaient des enfants.

Dans l'état d'urgence actuel, alors que les hôpitaux continuent de fermer leurs portes et de réduire leurs services, nous appelons les autorités à faciliter les procédures douanières et nous demandons instamment à toutes les parties de faciliter le transport en toute sécurité du matériel vers les installations médicales afin de traiter les patients. 

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