Une intervention au sein de l’hôpital Mary Soledad Hospital Bamenda, au Nord-Ouest du Cameroun.
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La suspension des activités imposée à MSF prive des milliers de personnes de soins vitaux

Le jeudi 24 juin 2021

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Depuis plus de quatre ans, la violence armée dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun a conduit à une situation catastrophique pour la population. Raids armés à l’encontre de villages, enlèvements, tortures, destructions de propriétés, exécutions extrajudiciaires sont devenus la norme. Ce que l’on appelle communément la « crise anglophone » est considérée comme l'une des crises les plus négligées au monde, car elle a contraint près de 770 000 personnes à fuir leur foyer dans les régions occidentales, dont plus de 63 000 ont fui vers le Nigeria voisin.

Nos services médicaux sont suspendus depuis six mois dans le Nord-Ouest, et cette situation fait payer un tribut inacceptable aux habitants dont beaucoup ont fui dans la forêt pour échapper aux violences. Cette suspension constitue une atteinte grave à l’accès humanitaire et médical.
Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations de MSF en Afrique centrale. 

En 2018, en accord avec le Ministère de la Santé du Cameroun, MSF a lancé une réponse d'urgence à la situation sanitaire critique dans ces deux régions en apportant un soutien à des structures de santé, en mettant en place le seul service d'ambulance gratuit disponible 24/7, et en formant et équipant des travailleurs de santé communautaire afin d’offrir des soins aux populations plus difficilement accessibles.

Mais le 8 décembre 2020, les autorités ont émis un ordre de suspension des activités de MSF dans le Nord-Ouest, accusant ses équipes médicales de collusion avec les groupes armés locaux. En dépit de mois d’efforts visant à répondre à ces allégations, MSF n’a toujours pas pu relancer son appui à la population, laissant des dizaines de milliers de personnes sans accès à des soins gratuits et vitaux.

Une crise sanitaire massive

Si la violence armée et les violations des droits humains dans les régions anglophones du Cameroun ont fait la une des journaux ces dernières années, l'impact de cette crise sur les besoins médicaux essentiels de la population a rarement été mis en lumière. Pourtant, selon les derniers chiffres de l'ONU, la violence armée dans les régions anglophones a poussé plus de 700 000 personnes à fuir leur foyer, et plus de 60 000 se sont réfugiées vers le Nigeria voisin. La crise a massivement affecté les conditions de vie des populations, et plus de 1,4 million de personnes auraient besoin d'une aide humanitaire dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun.

Inévitablement, la mortalité parmi les groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants a augmenté, et la suspension de notre soutien médical aggrave encore les choses.
Emmanuel Lampaert, coordinateur des opérations de MSF en Afrique centrale. 

« L'accès aux soins de santé est une préoccupation majeure dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », précise Emmanuel Lampaert. « En raison de l'insécurité, de l’imposition de ‘lockdowns’, de couvre-feux et du ciblage des établissements de santé, l'accès aux soins de santé s’est fortement réduit, avec au moins un cinquième des structures de soins n’étant plus fonctionnelles. Les populations déplacées osent difficilement rendre vers les structures de santé, et le ralentissement économique rend les transports et les frais d’hôpitaux encore plus difficiles à assumer. Inévitablement, la mortalité parmi les groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants a augmenté, et la suspension de notre soutien médical aggrave encore les choses. »

Insécurité et restriction de l’espace humanitaire

Le soutien apporté par MSF et d'autres organisations est d’autant plus vital que l'insécurité et les attaques contre le personnel humanitaire ont limité le nombre d'organisations présentes sur le terrain pour offrir des services essentiels.

« Nous sommes l'une des rares organisations médicales présentes dans ces deux régions pour répondre aux besoins médicaux d'urgence, dans un contexte très difficile », poursuit Emmanuel Lampaert. « Depuis le lancement de nos interventions, notre personnel médical, nos agents communautaires et nos patients ont régulièrement été confrontés à des menaces et à des violences de la part de groupes armés étatiques et non étatiques, avec très peu de respect pour les principes humanitaires d'impartialité et de neutralité. »

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