Dr Sohaib Safi sur le site de l'ancienne tour résidentielle Al Shuruk dans le centre de la ville de Gaza qui a été démolie par une frappe aérienne israélienne lors de l'escalade de mai 2021.
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La guerre totale d'Israël contre Gaza doit prendre fin et ses alliés doivent cesser de l'autoriser

Le mercredi 2 octobre 2024

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Depuis près d'un an, Israël se livre à un véritable massacre dans la bande de Gaza, en Palestine. Depuis les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre 2023, qui ont fait jusqu'à 1 200 morts et 250 otages, les forces israéliennes ont mené une guerre totale contre la population de la bande de Gaza, tuant plus de 41 500 personnes et en blessant plus de 96 000. La population a été déplacée à plusieurs reprises et contrainte de s'entasser dans des zones de plus en plus petites sous les bombardements et dans des conditions de plus en plus inhumaines.

Depuis un an, Israël, le Hamas et leurs alliés respectifs ont catastrophiquement échoué à trouver un accord sur un cessez-le-feu durable à Gaza, alors que le risque d'un conflit régional de grande ampleur s'accroît. Israël doit immédiatement mettre un terme au massacre aveugle de civils à Gaza et faciliter de toute urgence l'acheminement de l'aide pour soulager les souffrances à l'intérieur de la bande de Gaza, notamment par la réouverture des points de passage vitaux, conformément aux mesures demandées par la Cour internationale de justice.

Le personnel médical de Médecins Sans Frontières (MSF) traite quotidiennement des patients dont les blessures ont été causées par des bombardements massifs. Les gens souffrent de brûlures étendues, d'os broyés et ont été démembrés. Depuis le début de la guerre, les équipes de MSF ont soigné plus de 27 500 patients pour des blessures liées à la violence, plus de 80 % des blessures étant liées aux bombardements.

« Les bombardements israéliens sur des zones densément peuplées ont causé à plusieurs reprises des blessures à grande échelle. Nos équipes ont été contraintes de pratiquer des opérations chirurgicales sans anesthésie, de voir des enfants mourir sur le sol des hôpitaux par manque de ressources, et même de soigner leurs propres collègues et membres de leur famille », explique le Dr Amber Alayyan, responsable du programme médical de MSF. « Pendant ce temps, le système de santé à Gaza a été systématiquement démantelé par les forces israéliennes ».

Les équipes de MSF soignaient déjà les effets des 17 années d'occupation israélienne, du blocus et des attaques récurrentes contre la population de Gaza, y compris les patients souffrant de blessures de longue durée, de troubles mentaux et de brûlures graves, infligés avant le 7 octobre. Mais depuis cette date, alors que les besoins ont grimpé en flèche à la suite des bombardements israéliens, l'accès aux soins de santé a été réduit à néant.

Aujourd'hui, seuls 17 des 36 hôpitaux sont partiellement fonctionnels. Les parties belligérantes ont mené des hostilités près des installations médicales, mettant en danger les patients, les soignants et le personnel médical. Six collègues de MSF ont également été tués. Depuis octobre 2023, le personnel et les patients de MSF ont dû quitter 14 structures de santé différentes, en raison d'incidents graves et des combats en cours. Chaque fois qu'une structure médicale est évacuée, des milliers de personnes perdent l'accès à des soins médicaux vitaux. Cela a des conséquences sur la santé de la population, non seulement dans l'immédiat, mais aussi pour les semaines et les mois à venir.

Le manque d'accès aux soins de santé est aggravé par la pénurie de fournitures humanitaires à Gaza. Les autorités israéliennes ont régulièrement imposé des critères peu clairs et imprévisibles pour autoriser l'entrée des fournitures. Une fois que les fournitures entrent dans la bande de Gaza, elles n'arrivent souvent pas à destination, en raison de l'absence de routes sûres et accessibles, des combats en cours et du pillage des denrées alimentaires et des articles de première nécessité.

« Alors que les besoins médicaux augmentent dans la bande de Gaza, notre capacité de réponse reste limitée ; nous ne pouvons tout simplement pas acheminer suffisamment de fournitures humanitaires et médicales dans la bande de Gaza », déclare le Dr Alayyan. « Les hôpitaux de campagne que nous avons mis en place en dernier recours ne sont qu'un pansement pour réparer les dégâts causés par la guerre et la destruction du système de santé. Même leur mise en place a été entravée et retardée par les restrictions imposées à notre capacité à nous procurer du matériel et des équipements. Dans l'état actuel des choses, les installations médicales qui restent opérationnelles ne peuvent pas faire face aux vastes besoins ».

La disponibilité des soins médicaux s'est réduite, tout comme les possibilités pour les habitants de Gaza d'obtenir des soins de santé dont ils ont désespérément besoin. Les ordres d'évacuation répétés ont déplacé 90 % de la population dans des zones dites plus sûres, qu'Israël a néanmoins bombardées à maintes reprises. Les habitants sont désormais priés de rester dans une zone minuscule de 41 km², avec des abris, de la nourriture et de l'eau en quantité limitée. La surpopulation accroît le risque de maladies. Sur les deux millions d'habitants de la bande de Gaza, au moins 12 000 personnes ont désespérément besoin d'une évacuation médicale. L'évacuation médicale des personnes qui en ont besoin et le droit des Palestiniens qui cherchent simplement à assurer leur sécurité et celle de leur famille de quitter la bande de Gaza doivent être immédiatement facilités, sans préjudice de leur droit au retour.

Incursions à Jenin.

Si les douze derniers mois ont été marqués par des actions destructrices, ils ont également été définis par une inaction honteuse.

« Depuis un an, les alliés d'Israël continuent de lui apporter leur soutien militaire, alors que des enfants sont tués en masse, que des chars tirent sur des abris et que des avions de chasse bombardent de prétendues zones humanitaires », déclare Chris Lockyear, secrétaire général de MSF. « Cela s'accompagne d'un discours public qui déshumanise les habitants de Gaza et ne fait pas la distinction entre les cibles militaires et les vies civiles. Le seul moyen d'arrêter les massacres est d'instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable ».

À maintes reprises, les allégeances politiques ont été privilégiées par rapport à la vie humaine.  Alors que les alliés d'Israël parlent publiquement de l'importance d'un cessez-le-feu et de la nécessité de faciliter l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, ils continuent de fournir des armes à Israël. Les États-Unis en particulier, bien qu'ils aient récemment adhéré aux appels au cessez-le-feu, ont fréquemment œuvré pour brouiller, bloquer et saper les efforts de cessez-le-feu à travers leur rôle au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

Pendant ce temps, la guerre à Gaza alimente les tensions régionales, qui atteignent des sommets désastreux. Les attaques israéliennes se sont multipliées en Cisjordanie, et maintenant au Liban, avec des conséquences déjà dévastatrices pour les civils.

Les appels de MSF :

  • Un cessez-le-feu durable doit être immédiatement mis en place. 

  • Les massacres de civils doivent cesser immédiatement.

  • La destruction du système de santé et des infrastructures civiles doit cesser. 

  • Le blocus de Gaza doit cesser.

  • Israël doit ouvrir les frontières terrestres vitales, y compris le point de passage de Rafah, afin de garantir qu'une aide humanitaire et médicale massive et renforcée puisse atteindre de toute urgence les personnes dans le besoin. 

  • Israël doit assurer l'évacuation médicale de ceux qui ont besoin de soins médicaux spécialisés, y compris leurs soignants, et permettre à ceux qui le souhaitent de se mettre à l'abri à l'étranger, tout en garantissant à tous un retour sûr, volontaire et digne à Gaza.

  • Le Conseil de sécurité des Nations unies doit prendre des mesures pour garantir un cessez-le-feu en tant que garant de la paix et de la sécurité internationales et mettre fin à sa complaisance à l'égard de la destruction en cours de la bande de Gaza.

Témoignages de nos équipes sur le terrain: ce qu'un cessez-le-feu représente pour la population à Gaza

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