Des rapatriés et des réfugiés montent à bord des véhicules qui les conduiront du poste frontière de Joda, entre le Sud-Soudan et le Soudan, au centre de transit de Renk. © Kristen Poels/MSF
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La guerre au Soudan accroît les besoins humanitaires dans le Soudan du Sud voisin

Le mercredi 19 juin 2024

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La guerre en cours au Soudan augmente considérablement les besoins des populations de l'autre côté de la frontière, au Soudan du Sud, alerte l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). MSF appelle à une augmentation immédiate de l'aide vitale pour les réfugiés et les rapatriés fuyant la guerre et pour les communautés qui les accueillent.

La guerre au Soudan, qui a débuté en avril 2023, a engendré la plus grande crise de déplacement au monde, avec plus de 10 millions de personnes forcées de fuir leur foyer. Plus de 680 000 personnes sont arrivées au Soudan du Sud depuis avril dernier, alors que le système de santé du pays et l'aide humanitaire existante peuvent à peine répondre aux besoins de la population. Dans les mois à venir, la pression sur les services de santé et les organisations d'aide risque de s'accroître, alors que l'on estime à sept millions le nombre de personnes qui n'auront pas accès à une nourriture suffisante d'ici juillet.   

Un membre du personnel de MSF explique aux réfugiés et aux rapatriés les étapes à suivre au poste frontière de Joda, entre le Sud-Soudan et le Soudan, avant d'être transférés au centre de transit de Renk. Mars, 2024 © Kristen Poels/MSF

Renk, dans l'État du Haut-Nil du Soudan du Sud, est situé à environ 60 kilomètres de Joda, le point d'entrée officiel pour les personnes fuyant la guerre.

Quelque 13 000 réfugiés et rapatriés sont actuellement bloqués dans le centre de transit de la ville et aux alentours. 

Ce nombre fluctue en fonction des mouvements ultérieurs ; soit ils attendent de pouvoir poursuivre leur voyage à travers le Soudan du Sud, soit ils rentrent chez eux au Soudan. Les conditions de vie sont désastreuses et ils disposent de peu de nourriture, d'eau, d'abris, d'installations sanitaires et de soins médicaux.

Beaucoup de ceux qui arrivent à la frontière sont blessés et souffrent de malnutrition aiguë, après avoir marché pendant des semaines pour se mettre à l'abri. Actuellement, les agences d'aide leur fournissent de l'argent pour acheter de la nourriture pour sept jours, mais de nombreuses personnes se retrouvent bloquées au centre de transit de Renk pendant des semaines, voire des mois, dans l'attente d'un moyen de transport pour poursuivre leur voyage.

Parfois, nous parvenons à manger deux fois par jour, mais en général, nous ne prenons que le petit-déjeuner et nous nous couchons le soir avec l'estomac vide, même les plus jeunes », explique Dak Denj, un éleveur de bétail de 70 ans qui vit dans le centre de transit de Renk depuis décembre 2023.

En raison du manque d'espace à l'hôpital civil de Renk, MSF a construit une tente pour accueillir plus de patients. Cependant, des conditions de chaleur extrême ont poussé les températures à l'intérieur à plus de 50 degrés, mettant en danger l'équipement médical et donc la vie des patients. © Kristen Poels/MSF

À environ 300 kilomètres de Renk, des milliers de réfugiés et de rapatriés vivent dans le centre de transit de Bulukat, près de la ville de Malakal. Les pénuries de nourriture, d'eau, d'abris et d'installations sanitaires adéquates ont entraîné une augmentation des maladies telles que la diarrhée et les infections respiratoires, selon les équipes médicales de MSF.

L'afflux continu de réfugiés et de rapatriés au Soudan du Sud risque d'aggraver les pénuries de nourriture et d'eau déjà aiguës parmi les nouveaux arrivants et les communautés d'accueil, et de rendre encore plus difficile l'accès aux soins médicaux. Avant avril 2023, 30 à 50 enfants souffrant de malnutrition sévère étaient admis chaque mois au centre de traitement de la malnutrition de l'hôpital MSF de Malakal. Depuis le début de la guerre au Soudan, le nombre d'enfants souffrant de malnutrition sévère admis dans ce centre a augmenté de 200 %.

Les enfants souffrant de malnutrition sont plus vulnérables à d'autres maladies potentiellement mortelles. 

La malnutrition augmente le risque d'infection, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans, qui sont plus susceptibles de mourir de maladies telles que la méningite, la rougeole, la fièvre jaune, le choléra et le paludisme », explique le Dr Eltigani Osman, coordinateur médical de MSF.

Un membre du personnel de MSF mesure la circonférence moyenne du bras (MUAC) de Zacharia Peter Dak, qui souffre de malnutrition sévère. Sa mère, Nyachangjwok William Oguen, est arrivée sur le site de protection des civils en avril dernier avec son frère. 2024 © Kristen Poels/MSF

Les pénuries d'eau dans la région obligent les gens à aller chercher de l'eau dans les rivières. Boire de l'eau non traitée, qui peut être contaminée, présente des risques supplémentaires pour la santé, en particulier dans une région sujette aux épidémies de choléra. Ces risques devraient s'accroître à l'approche de la saison des pluies, qui devrait provoquer de graves inondations dans toute la région, contaminant les puits et les forages et entravant la réponse humanitaire. Les inondations du côté soudanais de la frontière pourraient pousser encore plus de personnes à fuir vers le Soudan du Sud.

Les organisations humanitaires s'efforcent actuellement de répondre à la crise et d'aider tous ceux qui en ont besoin. Depuis avril 2023, MSF gère une clinique au principal poste frontière et deux cliniques mobiles autour de Renk et Bulukat, qui traitent environ 190 patients par jour, et soutient l'hôpital de Renk. Cependant, cela n'est pas suffisant et l'ampleur de la crise exige une réponse internationale beaucoup plus importante. 

Scène de la vie quotidienne à l'intérieur du site de protection des civils (PoC), à Malakal. Mai, 2024  © Kristen Poels/MSF

 « La réponse humanitaire reste inadaptée à la réalité des besoins, dans un contexte où le système de santé est déjà mis à rude épreuv», déclare Iqbal Huda, chef de mission de MSF.

 Nous appelons d'urgence les donateurs internationaux à allouer des fonds pour répondre aux besoins des rapatriés, des réfugiés et des populations d'accueil au Soudan du Sud. Cela doit inclure la fourniture de nourriture, d'eau, d'abris, d'installations sanitaires et de soins médicaux, ainsi que les moyens permettant aux personnes de poursuivre leur voyage. » 

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