Khan Younis, Gaza : les personnes déplacées survivent sans services d'assainissement

Depuis plus de 10 mois, la guerre à Gaza a provoqué le déplacement de plus de 1,9 million de personnes. Souvent contraintes de partir quelques minutes seulement après l’annonce d’un ordre d’évacuation par les forces israéliennes, beaucoup ont été déplacées à de nombreuses reprises. À Al Mawasi, Khan Younis, l’Association palestinienne pour le développement agricole (PARC), avec le soutien de Médecins Sans Frontières (MSF), fournit des latrines d’urgence, des systèmes de pompes à eau solaires, des usines de traitement des eaux et d’autres aides, comme des tentes, à certaines des personnes déplacées arrivant à Khan Younis.

Alors que les ordres d’évacuation des forces israéliennes continuent de regrouper les populations dans des zones de plus en plus petites, le long des zones côtières de plus en plus exiguës de Deir Al Balah et Khan Younis, les conditions de vie à Mawasi se dégradent. L'OCHA estime que du 22 au 26 juillet seulement, plus de 190 000 Palestiniens ont été déplacés à Khan Younis et Deir Al Balah.

Les personnes déplacées à Al Mawasi Khan Younis, dans le sud de Gaza, vivent dans des tentes poussiéreuses, surpeuplées avec plusieurs membres de la famille, sans accès adéquat à la nourriture, à l’eau et aux services essentiels tels que l’assainissement et les soins de santé. Les gens peuvent devoir faire la queue pendant des heures pour avoir de l’eau, même pour les latrines, et ne peuvent pas se doucher régulièrement.

« Les conditions de vie sont extrêmement difficiles. Chaque jour, nous recevons entre 300 et 400 cas à la clinique médicale, dont 200 sont liés à des problèmes de peau », explique le Dr Youssef Salaf Al-Farra, pédiatre au PARC. « Les enfants sont les plus touchés, notamment par les maladies cutanées qui sont très contagieuses. »

Entre le 1er juillet et le 21 août, au moins 16 ordres d’évacuation ont été émis par les forces israéliennes à Gaza. Selon OCHA, 213 000 Palestiniens ont été touchés entre le début du mois d’août et le 16 août et 86 % de la bande de Gaza a fait l’objet d’ordres d’évacuation depuis le début de la guerre.

Après des mois d’ordres d’évacuation interminables des forces israéliennes, les habitants se retrouvent sans effets personnels. Beaucoup se rendent à Khan Younis sans même un sac en plastique rempli d’effets personnels ou un seul savon.

Les gens sont obligés de se déplacer dans la précipitation et sans préavis, ce qui peut être particulièrement difficile pour les personnes handicapées, les femmes avec enfants et les personnes âgées.

Alors que les maladies de peau se multiplient, PARC, soutenu par MSF, a construit plus de 300 latrines, dont des latrines accessibles aux personnes handicapées physiques dans le camp de Deir al Balah, installé trois systèmes de pompes à eau solaires et fourni des soins de santé primaires aux personnes déplacées.

« Il n’y a pas d’eau potable, ce qui favorise la propagation des maladies », explique Rasha Misbeh, une mère déplacée de 24 ans. « Les enfants ont le visage et le corps qui commencent à démanger. Tous les enfants sont touchés par la propagation des maladies [de la peau] ; il n’y a pas un seul enfant qui ne soit pas touché. Tout le monde est serré les uns contre les autres, ce qui aggrave la situation. »

Depuis trois mois, MSF tente d’importer 4 000 kits d’hygiène pour améliorer les conditions de vie des habitants de Khan Younis. Ces kits contiennent des produits de première nécessité comme du savon, des brosses à dents, du shampoing et de la lessive. La rareté de ces produits à Gaza signifie qu’ils sont extrêmement chers à l’achat. Depuis trois mois, l’importation de ces kits est bloquée par les autorités israéliennes.

MSF appelle à un cessez-le-feu immédiat ainsi qu’à un accès sûr et sans entrave du personnel et des fournitures pour pouvoir entrer à Gaza et dans les zones qui ont le plus besoin d’aide.