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Gaza : un rapport de MSF dénonce les tueries organisées et la déshumanisation aux sites de distribution alimentaire de la GHF et appelle à leur démantèlement

Le mercredi 6 août 2025

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Les données et observations médicales de Médecins Sans Frontières (MSF) dans deux de ses cliniques à Gaza, ainsi que des témoignages de patients, illustrent la nature à la fois ciblée et indiscriminée des tueries perpétrées par les forces israéliennes et les sous-traitants américains contre des Palestiniens affamés sur des sites de distribution alimentaire gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). MSF appelle au démantèlement immédiat du système de distribution de la GHF, au rétablissement du mécanisme d'aide coordonné par l'ONU, et appelle les gouvernements, en particulier les États-Unis, ainsi que les bailleurs privés à suspendre tout soutien financier et politique à la GHF, dont les sites de distribution alimentaire ne sont rien d’autre que des pièges mortels. 

Un nouveau rapport de MSF, intitulé This is not aid. This is orchestrated killing (en français, « Ceci n'est pas de l'aide. Ceci est un meurtre orchestré »), documente les horreurs dont le personnel MSF a été témoin dans deux cliniques recevant régulièrement des afflux massifs de victimes suite aux violences sur les sites gérés par la GHF, un mandataire israélo-américain qui a militarisé la distribution alimentaire. Entre le 7 juin et le 24 juillet 2025, 1 380 personnes blessées, dont 28 étaient déjà mortes à leur arrivée, ont été admises dans les cliniques MSF d'Al-Mawasi et d'Al-Attar, dans le sud de Gaza, à proximité immédiate des sites de distribution gérés par la GHF. Au cours de ces sept semaines, nos équipes ont soigné 71 enfants pour blessure par balle, dont 25 âgés de moins de 15 ans. Faute d'alternatives, les familles affamées envoient souvent leurs fils adolescents dans cet environnement mortel, car ils sont souvent les seuls encore physiquement capables d'effectuer le voyage. 

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Page de couverture du dernier rapport de MSF sur la situation à Gaza

Parmi les patients figuraient également un garçon de 12 ans, touché par une balle qui lui a traversé l'abdomen, et cinq jeunes filles, dont l'une n'avait que huit ans et a été blessée par balle à la poitrine.  

Des enfants ont reçu des balles dans la poitrine alors qu'ils cherchaient de la nourriture. Des personnes ont été écrasées ou asphyxiées dans des bousculades. Des foules entières qui se font tirer dessus aux points de distribution », explique Raquel Ayora, directrice générale de MSF. « En près de 54 ans d'activité, MSF n’a jamais été témoin d'un tel niveau de violence systématique contre des civils non armés, qui ne représentent aucune menace. »

Des Palestiniens sur le site de distribution du GHF à Netzarim mettent leur vie en danger pour recevoir de la nourriture.

Les sites de distribution de la GHF, simulacre de distribution "d'aide humanitaire", se sont transformés en laboratoires de cruauté », déclare Ayora. « Cela doit cesser immédiatement. » 

Une première analyse des blessures par balle parmi les patients arrivant à la clinique Al-Mawasi a révélé que 11 % des blessures par balle se situaient au niveau de la tête et du cou, tandis que 19 % au niveau de la poitrine, de l'abdomen et du dos. En revanche, les personnes arrivant du centre de distribution de Khan Younis étaient beaucoup plus susceptibles d'arriver avec des blessures par balle aux membres inférieurs. 

La morphologie particulière et la précision anatomique de ces blessures suggèrent fortement un ciblage intentionnel des personnes à l'intérieur et autour des sites de distribution, plutôt que des tirs accidentels ou aveugles.

« On nous massacre. J'ai été blessé au moins dix fois », raconte Mohammed Riad Tabasi, un patient soigné à la clinique MSF Al-Mawasi. « Je l'ai vu de mes propres yeux une vingtaine de cadavres autour de moi. Tous blessés par balle à la tête ou au ventre. »

En mai, les autorités israéliennes ont démantelé l'intervention humanitaire coordonné par les Nations unies, qu’ils ont remplacée par le programme militarisé de distribution alimentaire géré par la GHF. Ses quatre sites de distribution se trouvent dans des zones sous contrôle militaire israélien total et sont sécurisés par des entreprises privées américaines armées. La GHF a été présenté par les gouvernements israélien et américain comme une « solution innovante », censée répondre à leurs accusations infondées de détournement de l'aide à Gaza et à leurs accusations infondées d'échec de l'ONU. La GHF n’est rien d’autre qu’un plan mortifère, institutionnalisant la politique de famine menée par les autorités israéliennes à Gaza, initiée le 2 mars avec le siège total imposé à la bande de Gaza dans le cadre de leur campagne génocidaire contre les Palestiniens.

Le fonctionnement de ce système vise à priver les personnes de leur dignité. 

En l'espace de sept semaines, les équipes MSF ont soigné 196 patients blessés suite à des bousculades chaotiques sur les sites de distribution de la GHF. Parmi les patients figuraient un garçon de cinq ans gravement blessé à la tête et une femme décédée par asphyxie, probablement écrasée la foule.

Les personnes qui parviennent à se procurer des rations alimentaires sur ces sites sont souvent exposées au risque de pillages violents et de vols de ces rations par d'autres personnes affamées. Nos équipes médicales ont dû ajouter un nouvel acronyme aux registre de patients : BBO (Beaten By Others). Ce terme désigne les personnes blessées lors de violentes bousculades pour tenter d'obtenir de la nourriture, soit par des coups et le vol de leurs provisions immédiatement après les avoir reçues. Il s'agit d'une déshumanisation délibérée.

« Le 1er août, le jour même où l'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient visitait les sites du GHF, Mahmoud Jamal Al-Attar, 15 ans, a été tué près du site du GHF d'Al-Shakoush alors qu'il tentait de se procurer de la nourriture », explique Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur d'urgence de MSF à Gaza. « Il est arrivé à la clinique MSF d'Al-Mawasi après avoir reçu une balle dans la poitrine. »

Nous ne soignons qu'une fraction du nombre total de personnes tuées et blessées sur ces sites. Ces meurtres d’enfants sont des actes intentionnels », conclut Zabalgogeazkoa. « Malgré les condamnations et les appels à démanteler la GHF, l’inaction de la communauté internationale pour arrêter ces massacres est déconcertante. »

Des Palestiniens sur le site de distribution du GHF à Netzarim mettent leur vie en danger pour recevoir de la nourriture.

Entre le 27 juillet et le 2 août, 186 personnes blessées par balle, éclats d'obus, ou victimes d'agressions ont été prises en charge dans les cliniques MSF d'Al-Mawasi ou d'Al-Attar après avoir été blessées sur les sites du GHF. Deux d'entre elles sont décédées. Le 3 août, les cliniques MSF ont acceuilli trois autres blessés, dont un qui avait reçu une balle dans le cou et deux autres qui avaient été touchés à la tête.

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