Est du Tchad: Un mois après les inondations à Koukou, la réponse alimentaire et humanitaire fait défaut
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La situation à Koukou et ses environs demeure critique après les inondations dévastatrices du 9 août. Ces inondations ont détruit des maisons, déplacé des populations et rendu des centres de santé non fonctionnels. Le niveau de l’eau continue de fluctuer, avec cinq nouvelles montées observées ces dernières semaines. Bien que la crainte d’une crue importante s’éloigne peu à peu, les besoins ne diminuent pas.
Besoins humanitaires urgents
Les premières évaluations effectuées par Médecins Sans Frontières (MSF) dans les sites de déplacés à Koukou montrent que les besoins prioritaires concernent la nourriture, l’eau et l’assainissement (WASH), le renforcement des abris et les soins de santé primaires et secondaires. « Les conditions de vie des personnes déplacées à Koukou sont extrêmement difficiles. Elles sont exposées à des risques d'épidémies en raison du manque d'eau de la promiscuité et de l'absence de structures de santé, » explique Julie Melichar, responsable de projet MSF.
Les déplacés habitent dans des abris de fortune. Il y a très peu de couvertures, y compris pour les jeunes enfants et les femmes enceintes. Les bâches sont insuffisantes et sont souvent en mauvais état. Avec les pluies et orages à répétition, le manque de protection physique favorise le développement de maladies telles les infections respiratoires aiguës et le paludisme.
MSF a installé un poste de santé sur la colline où elle fournit des soins de santé primaires. Entre le 14 août et le 9 septembre, les équipes MSF ont effectué 1 850 consultations médicales. Plus de 340 personnes ont souffert d'infections respiratoires aiguës, 265 ont été testées positives au paludisme et plus de 220 ont été traitées pour des diarrhées. MSF a également fourni des consultations prénatales à 232 femmes enceintes qui ont également été testées pour le paludisme et ont reçu un traitement préventif intermittent.
L’accès à l’eau potable est quasiment inexistant à Koukou. La qualité de l’eau des quelques points fonctionnels doit encore être vérifiée, et la quantité disponible ne couvre que très peu les besoins des personnes sur ces sites de déplacés.
« Les sources d’eau ont été fortement contaminées pendant l’inondation par un mélange d’eaux usées, de déchets, notamment de matières fécales », explique Julie Melichard. « L’eau n’est pas disponible, poussant les gens à utiliser l’eau des ouadis. Bien que MSF nettoie les puits d'eau, ils risquent d’être à nouveau contaminés en cas de nouvelles fortes pluies ou inondations. La situation reste précaire et nécessite une réponse efficace en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène afin de réduire le risque d’épidémies de maladies transmissibles. »
Absence de nourriture et de réponse internationale
La nourriture est également une préoccupation majeure. Les inondations ont détruit une grande partie des réserves de nourriture et rendu impossibles les activités essentielles telles que la collecte du bois de chauffage et le travail dans les champs. De nombreux champs de sorgho, d'arachide et de mil ont été détruits ou ne sont plus cultivables. Les prix ont augmenté et le peu de nourriture disponible est inabordable pour beaucoup.
Les équipes de MSF sur le terrain entendent régulièrement les gens dire que la faim est leur préoccupation immédiate. Pourtant, un mois après les inondations, beaucoup n'ont rien reçu car la réponse des organisations internationales se fait toujours attendre.
« Une distribution immédiate de nourriture aiderait considérablement de nombreuses personnes ici à Koukou », déclare Melichar. « Il s'agirait d'une première étape cruciale et indispensable, mais bien que ces inondations aient eu lieu il y a un mois, la réponse internationale a été très limitée. Les gens ne peuvent plus attendre ».
Inquiétudes pour les habitants de l'extérieur de Koukou Angarana
Au 3 septembre 2024, le gouvernement a annoncé un total de près de 1 500 000 personnes touchées par les inondations dans tout le pays, avec près de 260 000 hectares de champs détruits, dans 115 départements sur les 120 que compte le pays.
Les routes étant encore largement impraticables en raison des inondations, les informations sur les villages touchés de part et d'autre du Wadi Bahr Azoum dans la province de Sila commencent à arriver au compte-gouttes. Elles décrivent de nombreux villages inondés, des champs détruits et des personnes déplacées à plusieurs reprises. Atteindre ces personnes est un défi logistique et une réponse rapide d'autres organisations est essentielle pour répondre aux besoins les plus urgents des personnes, en particulier pour assurer l'accès aux soins dans les zones touchées par les inondations et dépourvues d'accès aux soins.
Le Tchad est un pays particulièrement vulnérable au changement climatique. Il est fréquemment frappé par des sécheresses et des inondations récurrentes et les projections scientifiques indiquent que le pays connaîtra davantage de jours de fortes précipitations à l’avenir.