
Des besoins médicaux persistants face aux attaques incessantes à Dobropillia, Est de l’Ukraine
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Ancienne ville refuge pour les localités voisines, Dobropillia est désormais sous menace constante. MSF s’efforce d’y soutenir un système de santé surchargé.
Dobropillia, située dans la région de Donetsk à moins de 20 kilomètres de la ligne de front, a récemment subi certains des pires bombardements depuis l’escalade du conflit en 2022. Alors que les attaques se poursuivent, les équipes de MSF travaillent à garantir l’accès aux soins médicaux urgents pour les personnes prises dans la violence.
Nous entendons des récits bouleversants de la part de nos patients », témoigne Oleksandr Makarevych, responsable des urgences MSF en Ukraine. « Les gens nous racontent comment ils ont fui des maisons en feu. Certains sont restés piégés dans leurs appartements alors que les flammes se propageaient et qu’ils ne pouvaient pas s’échapper. Une femme nous a dit que ses voisins sont morts dans leur salle de bain, où ils s’étaient réfugiés pendant l’attaque. »
Une ancienne ville refuge désormais sous attaques fréquentes
Dobropillia, ville de mineurs et d’agriculteurs, comptait autrefois près de 40 000 habitants. Aujourd’hui, seuls 20 000 y restent, malgré le danger grandissant. En raison de sa localisation, les blessés de guerre et les populations vulnérables des villes voisines — notamment Pokrovsk, Myrnohrad et Kostiantynivka — y étaient évacués pour recevoir des soins médicaux d’urgence. Mais désormais, la ville elle-même est en première ligne du conflit.
Les habitants vivent sous un stress permanent », explique Thomas Marchese, directeur des programmes MSF en Ukraine.
« Les frappes de missiles se sont intensifiées. Lorsque les sirènes retentissent, les gens n’ont que quelques secondes pour atteindre un abri — et de nombreuses personnes âgées, en situation de handicap ou avec des enfants n’ont pas le temps d’y parvenir. Même dans les caves, ils ne sont pas totalement en sécurité. Si un immeuble s’effondre, ils risquent d’être ensevelis sous les décombres. Ces trois dernières années de guerre à grande échelle, nous avons vu ces conséquences dévastatrices encore et encore — dans les régions de Donetsk, Soumy, Dnipro, Kharkiv et Zaporijjia. »

MSF apporte son aide aux évacuations médicales
Depuis 2022, les ambulances MSF collaborent étroitement avec l’hôpital de Dobropillia pour transporter les patients vers des établissements plus sûrs, éloignés de la ligne de front. Après l’attaque massive du début du mois de mars, qui a fait 11 morts et au moins 50 blessés, les équipes d’ambulance de MSF ont transféré 25 patients de Dobropillia vers des hôpitaux de Dnipro, dont cinq en état critique.
Parmi les évacués se trouvait une femme souffrant de graves brûlures au visage et aux yeux, ainsi que de blessures par explosion et d’un traumatisme crânien. Elle et son mari avaient quitté Dobropillia pour se réfugier chez des proches à Dnipro, mais étaient revenus chez eux pour récupérer des affaires lorsque les bombardements ont commencé.
« Il y avait tellement de blessés que même les couloirs de l’hôpital étaient remplis de patients », raconte Serhii Tkachenko, feldsher MSF. « Le taux d’oxygène de cette patiente était dangereusement bas, nous l’avons donc transportée sous assistance respiratoire. »
Un autre patient était un jeune homme souffrant d’une fracture ouverte de la jambe, ainsi que de blessures par explosion, d’un traumatisme crânien et thoracique.« Il s’est précipité pour aider d’autres victimes après la première explosion, mais a été blessé lorsque de nouvelles frappes ont eu lieu », explique Hennadii Kyslytsia, médecin MSF. « Nous avons géré sa douleur et surveillé ses signes vitaux pendant son transfert. »

Même si la guerre s’arrêtait demain, les besoins resteraient immenses
Ce que les équipes MSF constatent à Dobropillia est alarmant : des immeubles d’habitation calcinés, des terres ravagées par le feu, et des pénuries critiques de médicaments et de services essentiels. Les autorités locales continuent d’appeler les habitants à évacuer. Le centre de transit le plus proche pour les déplacés se trouve à Pavlohrad, dans la région de Dnipropetrovsk, où MSF déploie également des cliniques mobiles.
« Parfois, des patients arrivent avec des blessures graves restées sans soins pendant deux ou trois jours. Lorsqu’ils atteignent enfin un hôpital, leur état est critique », rapporte Thomas Marchese.
Les équipes MSF continueront d’apporter des soins d’urgence, d’évacuer les blessés de guerre et de soutenir les hôpitaux proches de la ligne de front. Mais même si la guerre prenait fin demain, les besoins humanitaires et médicaux en Ukraine — en particulier dans les zones de conflit — resteraient immenses. Les populations auront besoin de logements, d’accès aux soins et d’un soutien psychologique pour surmonter les traumatismes et le stress.