Cyclone Mocha au Myanmar : deux mois après, les autorités entravent encore l’intervention humanitaire
En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :
Environ 85% du camp dans lequel j’habite est en ruine après le passage du cyclone Mocha. Toutes les habitations qui ressemblaient à des huttes ont été détruites. Ces habitants doivent être soutenus de toute urgence, ils n’ont aucun endroit où vivre », explique Daw Nu, agent de santé communautaire MSF vivant à Sittwe, la capitale de l’État d’Arakan.
Les personnes les plus durement touchées par le cyclone Mocha sont celles vivant dans des zones reculées, loin des endroits où les efforts d'assistance se sont concentrés, ainsi que celles faisant partie des communautés déjà déplacées et vivant souvent dans des camps. Les abris, la reconstruction des infrastructures d'eau et d'assainissement détruites ou endommagées, l'accès à l’eau potable, à la nourriture et aux soins de santé restent les besoins les plus urgents, les plus importants et ne sont pas satisfaits.
Cette destruction s'ajoute aux difficultés existantes, en particulier pour les Rohingyas, victimes de la répression militaire depuis des décennies. Ils sont confrontés à de sévères restrictions dans tous les aspects de leur vie, tels que la liberté de mouvement, l'accès aux soins de santé, aux moyens de subsistance et à l'éducation.
En mai 2023, au fur et à mesure que l'ampleur des destructions et des besoins se précisait, les organisations humanitaires se sont préparées à intensifier leur réponse. MSF a donné la priorité à la prévention des maladies d'origine hydrique en distribuant de l'eau potable à 9 000 personnes par semaine et en réparant les latrines et les systèmes d'approvisionnement en eau détruits. Les équipes de l’association ont également repris leurs activités de clinique mobile et de transfert des urgences et des patients présentant des complications médicales.
Malheureusement, le 8 juin, soit seulement trois semaines après le passage du cyclone, les autorisations d’entrée dans l'État d’Arakan ont été temporairement suspendues. Cela a empêché MSF de faire fonctionner ses 25 cliniques, qui offrent des soins de santé à un bassin de population d’environ 214 000 personnes dans le centre de l’Arakan et de 250 000 dans le nord.
Après une interruption de trois jours, les activités ont été officiellement autorisées à reprendre, mais uniquement celles déjà convenues avant le cyclone. L'autorisation d'intensifier les réponses en fonction des besoins supplémentaires créés par le cyclone n'a pas été accordée. Cela comprend des restrictions sur les distributions à grande échelle d'articles de secours tels que des vivres, des kits d'hygiène ainsi que celle de bambous et de bâches, indispensables pour la construction ou la réparation d'abris.
La réponse actuelle est loin d’être suffisante et, parmi les restrictions imposées, figure également l'obligation de remettre les articles de secours aux autorités militaires, qui en géreront la distribution. Cette exigence met en péril la neutralité de l'aide humanitaire. MSF est profondément préoccupée par le fait que les conditions de vie désastreuses causées par le cyclone deviennent une nouvelle norme dans l’État d’Arakan.