distribution alimentaire dans la ville de Guma, dans l'État de Katsina
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Crise de malnutrition dans le nord du Nigéria : la mobilisation est urgente pour éviter de nouveaux décès

Le vendredi 25 juillet 2025

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Le nord du Nigéria est actuellement confronté à une crise de malnutrition alarmante. Dans l'État de Katsina par exemple, où Médecins Sans Frontières est présente depuis 2021, les équipes constatent un nombre croissant d'enfants malnutris dans ses centres de nutrition thérapeutique, avec des conditions de plus en plus sévères et des taux de mortalité plus élevés. En collaboration avec les autorités locales, une distribution préventive d'urgence de suppléments nutritionnels a débuté pour 66 000 enfants dans la zone gouvernementale locale de Mashi. Dans un contexte de réduction drastique des financements internationaux, les besoins en matière de prévention et de traitement de la malnutrition sont énormes dans le nord du Nigéria, et une mobilisation urgente est nécessaire.

Fin juin 2025, près de 70 000 enfants malnutris avaient déjà reçu des soins médicaux de nos équipes dans l'État de Katsina, dont près de 10 000 avaient été hospitalisés dans un état grave. 

Sans compter les nouvelles structures de santé ouvertes par MSF au cours de l'année dans l'État, cela représente une augmentation d'environ un tiers par rapport à l'année dernière. De plus, entre janvier et juin 2025, le nombre d'enfants malnutris atteints d'œdème nutritionnel, la forme de malnutrition la plus grave et la plus mortelle, a augmenté de 208 % par rapport à la même période en 2024. Malheureusement, 652 enfants sont déjà décédés dans nos structures depuis le début de l'année 2025, faute d'un accès aux soins en temps voulu. Signe inquiétant de la gravité croissante de cette urgence majeure de santé publique, les adultes - en particulier les femmes, y compris les femmes enceintes et celles qui allaitent - sont également touchés. Un dépistage effectué en juillet dans les cinq centres de malnutrition MSF de l'État de Katsina auprès de 750 mères de patients a révélé que plus de la moitié des adultes soignants souffraient de malnutrition aiguë, dont 13 pour cent de malnutrition aiguë sévère.

Pour faire face à l'afflux massif d'enfants attendu à la fin de la période de soudure en octobre, MSF a renforcé son soutien aux autorités locales dans plusieurs États du nord du Nigéria où nous fournissons des soins à la population. Dans l'État de Katsina, par exemple, nous avons ouvert un nouveau centre d'alimentation thérapeutique ambulatoire (AFTC) à Mashi et un centre d'alimentation thérapeutique pour patients hospitalisés (ITFC) supplémentaire à Turai, pour un total de 900 lits dans deux hôpitaux soutenus par MSF.

« L'année 2024 a marqué un tournant dans la crise nutritionnelle qui touche le nord du Nigeria, avec une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente. Mais l'ampleur réelle de la crise dépasse toutes les prévisions », explique Ahmed Aldikhari, représentant national de MSF au Nigeria. 

Le Nigeria connaît actuellement des coupes budgétaires massives, notamment de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et d'autres pays européens, qui ont un impact réel sur le traitement des enfants souffrant de malnutrition. 

En début de semaine, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu'il serait contraint de suspendre toute aide alimentaire et nutritionnelle d'urgence pour 1,3 million de personnes dans le nord-est du Nigéria d'ici la fin du mois de juillet, en raison d'un « manque de financement critique ».

« Dans le même temps, nous observons des besoins toujours croissants, comme dans l'État de Katsina, où un nombre croissant de personnes ne peuvent plus se permettre d'acheter de la nourriture, bien qu'elle soit disponible sur les marchés », a ajouté M. Aldikhari.

Une enquête sur la sécurité alimentaire menée par des organisations humanitaires dans la zone gouvernementale locale de Kaita, dans l'État de Katsina, avant le début de la période de soudure au début de l'année 2025, a révélé que plus de 90 % des ménages avaient réduit le nombre de repas qu'ils prenaient chaque jour.

Dans le nord du pays, d'autres facteurs aggravent la crise de la malnutrition, notamment les épidémies aggravées par la faible couverture vaccinale, la disponibilité et l'accessibilité des services de santé de base et d'autres indices socio-économiques compliqués par l'insécurité et la violence.

« Le moyen le plus urgent de réduire le risque de décès immédiat dû à la malnutrition est de s'assurer que les familles ont accès à la nourriture », explique Emmanuel Berbain, référent nutrition chez MSF. « Cela peut se faire par la distribution à grande échelle de nourriture ou de suppléments nutritionnels, comme nous le faisons actuellement dans la région de Mashi, ou par des distributions d'argent quand et où cela est possible. »

Les capacités de prise en charge et de traitement des enfants malnutris doivent également être renforcées, à la fois en augmentant le nombre de lits dans les établissements de santé et en assurant le financement et l'accès aux aliments thérapeutiques prêts à l'emploi (ATPE). Ces actions doivent être entreprises en priorité dans les zones où les besoins - c'est-à-dire le nombre d'enfants malnutris - sont les plus importants.

Les personnes âgées de plus de cinq ans, qui sont également de plus en plus touchées par la malnutrition mais ne bénéficient actuellement d'aucune aide, devraient également être incluses dans les programmes de prévention.

Le 8 juillet, Son Excellence le vice-président du Nigéria, Kashim Shettima, a publiquement tiré la sonnette d'alarme sur l'ampleur de la malnutrition au Nigeria, avertissant qu'elle prive près de 40 % des enfants de moins de cinq ans de leur plein potentiel physique et cognitif. Il a qualifié la situation d'urgence nationale nécessitant une action urgente et collective.

MSF a traité plus de 300 000 enfants malnutris dans sept États du Nord en 2024, soit une augmentation de 25% par rapport à 2023. Rien que dans le Nord-Ouest, où MSF tente de faire face à la malnutrition dans les États de Sokoto, Kebbi, Katsina et Zamfara, nous avons déjà traité près de 100 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère et modérée dans des centres de traitement ambulatoire au cours des six premiers mois de 2025 et hospitalisé environ 25 000 enfants malnutris.

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