MSF a commencé à soutenir l'hôpital Old Fangak dans l'État de Jonglei, au Soudan du Sud, en 2014, pour fournir des soins de niveau hospitalier aux communautés reculées.
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Connaissiez-vous ces trois vaccins prioritaires pour la santé des femmes?

Le lundi 3 mars 2025

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L’hépatite E, le tétanos et l’hépatite B représentent des menaces importantes mais peu connues pour la santé et la vie des femmes et des jeunes filles, en particulier dans les pays à faible revenu où l’accès aux soins de santé est limité. Cela peut également la vie ou la mort pour leurs bébés.

Nyakuola Nguot Gang vit avec sa famille élargie dans le comté de Fangak, au Soudan du Sud, où une épidémie mortelle d'hépatite E s'est déclarée en 2023 et s'est poursuivie jusqu'en 2024.

« J’ai failli perdre la vie en septembre, alors que j’étais enceinte », raconte Nyakuola, 40 ans. « J'ai pensé qu'il s'agissait seulement de symptômes de ma grossesse, car mon corps était douloureux et j’avais de la fièvre. J’ai fait une analyse de sang, et c’est là qu'une l’hépatite E a été diagnostiquée. »

Certaines maladies ont des conséquences bien plus graves chez les femmes et les jeunes filles, en particulier pendant la grossesse et l’accouchement. L’hépatite E, une infection d’origine hydrique qui affecte le foie, est l'une d'entre elles.

« Beaucoup de gens l'appellent l’Ebola des femmes enceintes, car le taux de mortalité chez les femmes enceintes est très élevé, bien que nous ne comprenons pas vraiment pourquoi cette maladie affecte autant les femmes enceintes », explique John Johnson, conseiller en vaccination pour Médecins Sans Frontières (MSF). 

Le taux de mortalité est d’environ 20 à 30 % pendant la grossesse. »

Chez les femmes enceintes atteintes d’hépatite E, le risque de décès est plus élevé au cours du troisième trimestre.

La grossesse est également une période critique pour la vaccination les femmes et les jeunes filles contre le tétanos si elles n’ont pas été vaccinées auparavant. Le tétanos est une infection grave pour les personnes de tout âge, mortelle pour les nouveau-nés, mais la protection de la mère permet de sauver la vie de son bébé.

Une troisième maladie, moins connue, est l’hépatite B. Si elle n’est pas prévenue, elle a des conséquences à vie qui limitent l’espérance de vie.

L’hépatite B et le tétanos représentent tous deux une menace importante pour la santé des victimes de violences sexuelles, qui sont beaucoup plus souvent des femmes et des filles.

La bonne nouvelle est qu’il existe des vaccins, mais la réalité est qu’ils n’atteignent pas toutes les personnes qui en ont besoin, en particulier les femmes et les jeunes filles les plus exposées.

Une campagne de vaccination innovante au Soudan du Sud

L’hépatite E est la cause la plus fréquente d’hépatite virale aiguë, responsable d’environ 20 millions d’infections et de 70 000 décès par an. 

Cette maladie méconnue touche principalement les personnes en situation de pauvreté ou faisant face à des difficultés– et est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes. Elle se transmet par la contamination fécale des aliments et de l’eau. Les épidémies à grande échelle surviennent généralement lorsque les conditions d’approvisionnement en eau et d’assainissement sont inadéquates.

Il n’existe qu’un seul vaccin disponible, le HEV 239, développé en Chine. MSF l'a utilisé pour la première fois lors d’une épidémie à Bentiu, au Soudan du Sud, en 2022, et les recherches menées par la suite ont permis de produire des preuves solides de son innocuité et de son efficacité.

Le comté de Fangak est l'une des régions les plus reculées et les plus difficiles d'accès du Soudan du Sud. La région étant régulièrement inondée ces dernières années, ses habitants ont dû apprendre à survivre dans un environnement changeant.

« Nous sommes entourés d’eau à tous les niveaux », explique Bhan Gutjiath Wal, un habitant de Fangak. « Quand on va au marché, on traverse l’eau. Quand on reste à la maison, il y a aussi de l’eau. »

Mais en septembre 2023, ces conditions ont conduit à une épidémie d’hépatite E, déclarée par le ministère de la Santé. En l'espace de deux mois, MSF a lancé la deuxième campagne de vaccination au monde en réaction à une épidémie active d’hépatite E, et la première à se dérouler pendant la phase aigüe d’une épidémie dans des communautés aussi reculées et difficiles d’accès. Cette initiative conjointe avec le ministère de la Santé s'est finalement étalée sur près d’un an.

« C’était une décision personnelle de se faire vacciner », explique Nyakuola. « Ceux qui ont vu des personnes vaccinées et qui sont en vie ont également pris la décision de se faire vacciner à leur tout. Dieu merci, j’ai été vaccinée, c’est pour cela que mon état s'est amélioré. Mais ça n'a pas été facile. »

Nyakuola Nguot Gang et son nouveau-né Nyamuch
Nyakuola Nguot Gang et le personnel de sages-femmes de MSF

Offrir une protection vitale contre le tétanos aux mères et leur bébé 

« Les bébés, en particulier pendant ce que nous appelons la période néonatale, au cours de leurs 28 premiers jours, sont les plus susceptibles de mourir de certaines maladies et infections. En vaccinant les mères, on les protège jusqu’à ce qu’ils puissent recevoir eux-même leur vaccin plus tard dans leur vie », explique Isabella Mayes, responsable des activités de sages-femmes au sein du projet Old Fangak de MSF.

Si une femme est vaccinée contre le tétanos avant d’accoucher, les anticorps vitaux seront passerons de placenta au sang du bébé.

Isabella Mayes, sage-femme australienne et responsable des activités de sage-femme à Old Fangak [jusqu'en avril 2025], effectue une échographie sur une femme présentant des complications avant l'accouchement.

La bactérie responsable du tétanos est très répandue dans l'environnement et ne peut être éradiquée. Le risque pour les nouveau-nés survient lorsque le cordon ombilical coupé est infecté, généralement en raison d'outils ou de conditions non stériles.

Le tétanos limite la capacité du bébé à s’alimenter. La rigidité sétend à tout le corps et les muscles du bébé se contractent de manière incontrôlée. Le bébé aura besoin de soins infirmiers intensifs et d’un isolement dans une pièce sombre et silencieuse pour éviter les spasmes réactifs: il peut être hospitalisé jusqu’à un mois. 

En l'absence de traitement, environ 90 % des nouveau-nés atteints du tétanos meurent.

Selon les données mondiales les plus récentes disponibles, on estime que 24 000 nouveau-nés sont morts du tétanos en 2021. Bien que ce chiffre représente un déclin progressif au fil du temps, il nous indique que les femmes et les filles continuent d'être privées de vaccinations vitales, de soins prénatals et de soins d’accouchement sans risque, en particulier dans les pays à faible revenu.

L'accès aux soins de santé au Soudan du Sud est extrêmement limité. L'hôpital de MSF à Old Fangak est la seule structure de ce type à fournir des soins aux 20 000 personnes vivant dans les environs immédiats, ainsi que dans les villages accessibles par bateau à plusieurs heures de route. Ces soins comprennent la vaccination maternelle dans le cadre des soins prénatals.

Une protection précoce pour les victimes de violences sexuelles

La valeur de la vaccination post-exposition est mise en évidence dans le cadre des soins aux victimes de violences sexuelles. Une victime peut être protégée contre le tétanos et l'hépatite B après une agression ou un viol, mais la fenêtre d'opportunité pour démarrer l'immunité n'est que de 72 heures.

Nous vaccinons tous les patients qui ont eu des blessures. Nous le faisons immédiatement pour prévenir la maladie, car [le tétanos] est vraiment très grave », explique Renda Kella Dhol, responsable clinique de l'équipe MSF à Old Fangak.

L'hépatite B est souvent transmise par contact sexuel. Elle est jusqu'à 100 fois plus infectieuse que le VIH, une autre infection sexuellement transmissible souvent associée à la violence sexuelle. « Nous ne connaissons pas le statut de l'agresseur. C'est pourquoi nous fournissons un [vaccin] contre l'hépatite B pour éviter que le patient ne soit infecté par l'hépatite B », explique Mme Renda.

Le virus de l'hépatite B provoque souvent une infection de longue durée. Il s'agit d'un problème majeur de santé publique : on estime à 254 millions le nombre de personnes infectées de manière chronique et à 1,1 million le nombre de décès dans le monde en 2022 dus à des maladies du foie liées à l'hépatite B, y compris le cancer du foie.

Une femme peut également la transmettre sans le savoir à son bébé pendant l'accouchement, qui devra lui aussi être vacciné pour éviter un risque de décès de 90 %.

Pour sensibiliser la population à la violence sexuelle et aux soins médicaux et psychologiques disponibles, MSF mène des actions de promotion de la santé dans les écoles et autres lieux de rassemblement, auprès des chefs de communauté et de la police.

Renda reconnaît que les gens ont peur d'aborder le sujet des violences sexuelles, ce que MSF tente de dissiper.

Nous leur avons dit en chanson : « N'ayez pas peur : N'ayez pas peur. Nous sommes là pour vous. Nous allons vous soutenir. Cela ne sera jamais [révélé] à tout le monde. Mais nous devons vous donner le droit d'avoir les médicaments et les traitements nécessaires pour prévenir tout ce qui aurait pu se produire, car ce n'est pas de votre faute et cela se produit partout dans le monde. »

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