
Briser les stigmates et les barrières aux soins à Mombasa
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Hakima Masud travaille pour Médecins Sans Frontières (MSF) depuis quatre ans dans le cadre du projet de Mombasa, où l'organisation prend en charge les adolescents et les jeunes. L'accent est mis sur les besoins des jeunes appartenant à des populations clés, y compris les minorités de genre et sexuelles, afin d'améliorer l'accès à des soins de santé sûrs, non discriminatoires et exempts de stigmatisation.
Par Hakima Masud, Responsable des affaires humanitaires de MSF au Kenya :
L'idée de ce projet est née en 2021, lorsqu'une de nos équipes a pris conscience des difficultés d'accès aux soins auxquelles certains groupes étaient confrontés à Mombasa.
L'année suivante, nous avons lancé nos premières actions sur le terrain. Aujourd'hui, nous accueillons des jeunes et des adolescents dans des centres spécialement conçus pour eux, où nous offrons des soins de santé de base, des services de santé sexuelle et reproductive ainsi qu’un accompagnement en santé mentale. Mais notre mission ne s'arrête pas là : en plus des soins médicaux, nous veillons à offrir un soutien social essentiel, aidant celles et ceux qui franchissent nos portes à se connecter aux ressources et services dont ils ont besoin, même au-delà de ce que nous pouvons proposer dans nos cliniques.
À Mombasa, nous travaillons en particulier avec des populations clés, un groupe que l'ONUSIDA définit comme les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes transgenres et celles ayant des identités ou expressions de genre diverses, les consommateurs de drogues et les travailleuses et travailleurs du sexe. MSF collabore également avec d'autres groupes vulnérables, notamment les jeunes sans abri et les personnes en situation de handicap. Ces identités et expériences s'entrecroisent souvent, accentuant ainsi leur vulnérabilité.
Trop souvent, les personnes avec lesquelles nous travaillons se retrouvent exclues du système de santé classique. Lorsqu'elles cherchent de l'aide, elles font face à la discrimination. Nous le constatons tous les jours. C'est pourquoi nous avons placé les communautés au cœur de notre projet. En dialogue constant avec les personnes qui fréquentent les centres que nous soutenons, nous adaptons en permanence nos activités à leurs besoins réels, ce qui nous permet d'évaluer concrètement notre impact.
À Mombasa, notre stratégie communautaire repose sur une approche par les pairs : des individus issus des mêmes groupes sociaux—souvent des personnes ayant des expériences communes—sont formés pour fournir un soutien, une éducation et des services de santé à leurs pairs. Cette méthode est particulièrement efficace pour atteindre les communautés marginalisées et à haut risque et joue un rôle clé dans la lutte contre les préjugés, notamment parmi les professionnels de santé.
Trop de personnes issues de ces communautés vulnérables évitent encore les traitements, de peur d’être jugées ou maltraitées par ceux qui devraient les soigner. Et en dehors des centres, la stigmatisation reste un défi constant. C'est pourquoi nous documentons également les violences—qu'elles soient physiques ou sexuelles—commises contre celles et ceux que nous soutenons.
Dans un tel environnement, l'identité de MSF prend tout son sens. Nous sommes là avant tout pour garantir un accès direct aux soins de santé, mais aussi pour amplifier les voix des communautés marginalisées. Parfois, cela signifie témoigner en leur nom. Au quotidien, cela signifie être à leurs côtés et leur offrir un espace d'expression libre, afin qu'elles puissent elles-mêmes revendiquer leurs droits, dénoncer la discrimination et exiger le respect et la dignité qu'elles méritent.
Parce que l’accès aux soins de santé doit être un droit fondamental pour tous, sans exception.