« Aucune victime de guerre ne doit être laissée pour compte ni en Ukraine ni au-delà »
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Le 24 avril 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) Luxembourg a organisé sa première vente d’œuvres d’art aux enchères au profit de son action médicale humanitaire d’urgence en présence du Président international de MSF, Dr Christos Christou, qui a repondu à nos questions concernant la guerre en Ukraine.
Comment l'urgence ukrainienne a-t-elle affecté MSF et ses autres missions ?
Nous avons dû répondre à l’effet de surprise de ce conflit en faisant évoluer très rapidement les activités d'urgence en Ukraine, où nous étions présents depuis 2014 pour satisfaire les besoins liés principalement à la tuberculose, au VIH, mais aussi au traitement de maladies chroniques comme le diabète.
Aujourd'hui, nous avons plus de 130 personnes qui viennent de différentes parties du monde, aux côtés de plus de 200 employés locaux, qui essaient non seulement d'évaluer les besoins dans les endroits touchés par le conflit, mais aussi de préparer les régions qui pourraient être affectées prochainement, en fournissant des formations par exemple. Nous nous assurons également qu'ils disposent de suffisamment de fournitures médicales ; et nous examinons les besoins de ceux qui peuvent être plus exclus ou laissés pour compte, comme les personnes vulnérables ou les personnes âgées.
La guerre en Ukraine suscite l'intérêt général, et je suis vraiment heureux de voir l’élan de générosité, de solidarité et de soutien aux personnes qui cherchent la sécurité ou aux réfugiés qui viennent d'Ukraine.
Pourtant, il est important de rappeler que ce n'est pas la seule crise que nous avons dans le monde ; MSF a toujours d'énormes projets humanitaires dans de nombreux autres endroits, et nous essayons de distribuer nos ressources proportionnellement aux besoins des gens.
Quelles sont les difficultés rencontrées par MSF sur le terrain en Ukraine ?
À titre d'exemple, je peux vous parler des difficultés d'accès aux endroits qui ont été le plus touchés, comme Mariupol - une des villes qui a été très impactée par le conflit -.
Nous avons également des difficultés à prévoir ce qui va se passer ensuite. L'acheminement des fournitures est un autre défi, tout comme le transfert des personnes et des patients des endroits qui ont été touchés, ou qui le seront bientôt, vers d'autres qui peuvent être plus sûrs.
En quoi le conflit ukrainien est-il différent des autres conflits que vous avez abordés en tant que MSF ?
Cette guerre a déjà entraîné de nombreux bouleversements géopolitiques et certains d'entre eux dureront des années, voire des décennies, avant de trouver une solution. Mais en même temps, ce type de guerre où l'on constate des bombardements aveugles, où l'on voit des gens qui essaient de fuir, qui cherchent des refuges, où l'on voit des victimes qui sont toujours des citoyens innocents d'un pays ou d'un état...C'est quelque chose dont nous avons été témoins dans tous les autres endroits où nous étions et où nous sommes, comme les Balkans dans le passé, la Tchétchénie, l'Afghanistan, le Yémen, la Syrie, l'Irak... pour n'en citer que quelques-uns.
C'est pourquoi j'insiste sur le fait que le plus important n’est pas de savoir qui participe à une guerre, mais qui en sont les victimes. Nous sommes, en tant que MSF, solidaires de tous ceux qui sont touchés par ce conflit, mais aussi de ceux qui seront indirectement affectés partout ailleurs.
Quel est l'impact de la guerre sur le travail de MSF Luxembourg ?
MSF Luxembourg montre ces jours-ci que nous sommes tous là pour exprimer notre solidarité et assurer que toute la solidarité manifestée par les gens atteindra ceux qui en ont besoin.
Ce que nous essayons de faire, c'est de nous engager davantage avec nos supporters. Les rapprocher, et être très transparent sur ce cette solidarité et l’utilisation des dons, mais aussi revenir vers eux pour les informer des évolutions de ce conflit et de notre réponse. C’est ce que nous faisons.
Un dernier message?
Alors que MSF mobilise des personnes du monde entier pour cette guerre, nous assistons à un traitement très discriminatoire de l'Union européenne envers d'autres réfugiés, qui sont nos patients eux aussi, et qui fuient d'autres crises, conflits et guerres.
Et cette discrimation n'a bien sûr aucun sens pour nous.