Au-delà des soins médicaux : le Centre Youth Friendly de Dandora, un espace sûr pour les jeunes des quartiers défavorisés de Nairobi

Peu visible dans les rues du quartier d'Eastlands à Nairobi, le centre de santé publique Dandora 2 recèle un trésor caché. Au-delà d'un petit portail vert se trouve l'activité trépidante du Centre Youth Friendly, un projet de collaboration entre le département de la santé du comté de Nairobi et Médecins Sans Frontières (MSF). MSF fournit des ressources humaines, de l'expertise et des fournitures médicales, et travaille avec le centre de santé publique pour l'orientation et la sensibilisation à la prestation de services adaptés aux jeunes.

Établi en 2021, le Centre Youth Friendly de Dandora sert d'espace sûr pour les jeunes âgés de 10 à 24 ans, offrant plus que des soins médicaux. Cette population vulnérable est confrontée à la violence urbaine, à la toxicomanie et à des problèmes socio-économiques tels que le chômage et la pauvreté. "Les espaces sécurisés vous permettent de vous exprimer librement sans craindre la contradiction, l'intimidation, la coercition ou quoi que ce soit d'autre", explique Daniel Katavi, l'un des jeunes bénéficiant des services du centre.

Fonctionnant sept jours sur sept, le dimanche étant réservé à des activités ciblées pour des groupes vulnérables spécifiques, le centre offre des services médicaux et psychosociaux ainsi que des installations récréatives. Le volet médical se compose de deux salles de consultation médicale et d'une salle pour les psychologues. Les services sont assurés par des infirmières, un psychologue, un travailleur social et des éducateurs en santé communautaire.

Pour la seule année 2023, l'équipe du centre de jeunesse a assuré 5 316 consultations médicales, y compris des consultations de santé mentale, et 21 661 jeunes ont accédé aux services sociaux et récréatifs. Les services de soins de santé se concentrent sur la santé sexuelle et reproductive (SSR), y compris les services de planification familiale, la prévention du VIH, le conseil et le dépistage avec un lien vers les soins, les soins prénataux, les soins post-avortement, le traitement des infections sexuellement transmissibles, les soins pour les survivants de la violence sexuelle et sexiste, et la santé mentale - le conseil psychosocial et l'orientation.

Outre les soins médicaux, le centre de jeunes offre un large éventail de services de soutien social, tels que des conférences éducatives sur la santé, une formation aux compétences de vie et au mentorat, une formation au développement de carrière, des cours d'informatique, des services de bibliothèque, une table de billard, des jeux de société et des liens avec d'autres organisations.

L'un des principaux piliers du centre est l'approche participative dans la conception et la fourniture des services, dans laquelle les jeunes jouent un rôle essentiel en conseillant la direction par le biais d'un dialogue et d'un retour d'information continus.

Si nous apportons nos propres solutions, cela ne peut pas être durable. Les jeunes sont créatifs et capables de trouver des solutions à leurs problèmes. Nous veillons à ce qu'ils participent activement à la planification et à la mise en œuvre des activités."

Claire Lungahi, éducatrice en santé communautaire au centre, supervise ces activités

Les parents s'impliquent également en amenant leurs enfants au centre. "J'ai confiance dans les informations fournies ici. Je sais que mon fils de douze ans reçoit une éducation à la santé lorsqu'il vient à la clinique. Il vient étudier et utilise les services de la bibliothèque", explique Purity Toyo, parent d'un jeune.

"Je pense qu'il faut enseigner aux jeunes la vérité sur la santé sexuelle et reproductive et sur la violence sexiste, car nous savons qu'ils sont susceptibles d'être victimes d'abus et de violences. Je pense que mon fils est plus enclin à parler des problèmes qu'il rencontre avec le personnel de santé de la clinique qu'avec moi parfois."

Purity, qui est devenue mère à l'âge de 15 ans, reconnaît l'importance d'une éducation complète à la santé sexuelle et reproductive pour les jeunes. "Je veux que mon fils s'améliore. J'ai emmené plus de jeunes au centre de jeunesse car il a une influence positive sur eux, surtout pendant les vacances scolaires, pour qu'ils restent occupés. Ils ont également la possibilité de trouver des services de santé pendant qu'ils sont à la clinique". 

Pour les jeunes populations clés et les groupes vulnérables tels que les travailleurs domestiques, les séances du dimanche du centre sont organisées pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de santé. 

En tant qu'employées de maison, nous travaillons du lundi au samedi, et obtenir une autorisation au cours de la semaine est un obstacle. Le fait d'avoir un jour fixe le dimanche nous permet d'accéder rapidement aux services lorsque nous venons à l'hôpital"

explique Sylvia Wambui, une employée de maison

MSF travaille avec d'autres organisations comme les "Initiators of Common Awareness" ("Initiateurs d'une Conscience Commune"- ICA), un groupe de jeunes basé à Dandora, qui cherche à améliorer les messages sur les soins de santé mentale destinés aux jeunes et à les mettre en contact avec des services. 

Les jeunes de Dandora sont confrontés à de nombreux défis, tels que le chômage, les mauvaises conditions sanitaires et d'autres problèmes sociaux. Notre objectif est de trouver des moyens de les surmonter et de mettre nos pairs en contact avec un psychologue".

explique Matthew Ogoti, président de l'ACI

Malgré sa taille modeste, le centre situé derrière la porte verte est devenu un lieu familier pour les jeunes. Il répond à leurs besoins spécifiques et a un impact significatif sur leur vie en réduisant les obstacles à l'accès aux soins de santé.