Afghanistan : apporter des soins médicaux dans les districts reculés de la province de Bamyan
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En 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) a construit huit cliniques dans les districts de Yakawalang, Saighan et Shibar, situés dans la province montagneuse de Bamyan, en Afghanistan. Ces structures permettent à environ 22 000 personnes d'accéder gratuitement à des services de santé de base. La région souffre d'un accès très limité aux soins de santé, en particulier pendant l’hiver, lorsque la neige empêche les déplacements et que les routes ne sont pas entretenues.
Les centres offrent des consultations médicales de base ainsi que des soins en santé maternelle et infantile.

Enceinte de neuf mois et sur le point d'accoucher, Moslima a voyagé en âne pendant plus de trois heures, accompagnée de sa mère et de son mari, traversant les montagnes. Elle est arrivée dans la clinique MSF de Baghak, un village isolé dans les hautes montagnes du centre de l'Afghanistan.
Avant la construction de cette clinique, nous accouchions à la maison », explique Moslima, qui a trois autres enfants. « Nous n'avions accès ni à des sage-femmes ni même à des vaccins. »
Dans chaque structure soutenue par MSF, une équipe composée d’un infirmier et d’une sage-femme dispense des soins de santé de base, des vaccinations de routine, prend en charge les grossesses non compliquées et assure un accompagnement sécurisé jusqu’à l’accouchement.
« Nous sommes venus ici parce que nous avons entendu dire qu'accoucher avec l'aide d'une sage-femme était bon pour la santé du bébé et de la mère », explique Moslima.
Lors de mes précédentes grossesses, je ne me sentais pas bien après l'accouchement. Mais maintenant, je me sens en bonne santé. »
Depuis 2022, plus de 400 femmes ont accouché en toute sécurité dans les huit cliniques MSF de Bamyan.
Au cours de cette période, le personnel de santé a assuré plus de 80 000 consultations ambulatoires et plus de 8 500 consultations prénatales et postnatales, tout en orientant plus de 100 femmes présentant des grossesses à risque vers des soins spécialisés.
Les habitants de ces régions ne peuvent souvent pas payer le transport pour se rendre dans les centres de santé situés à plusieurs heures de chez eux », explique Fathema Mansoorally, coordinatrice de projet MSF.
C’est le cas de Roqia Hussaini, 35 ans, habitante d’un petit village de la vallée de Band-e-Amir. Actuellement enceinte de son cinquième enfant, elle s’est rendue à la clinique MSF pour une consultation prénatale. Mais la situation était bien différente lors de sa deuxième grossesse, à une époque où aucune clinique n’était encore disponible à Band-e-Amir. Elle avait alors dû faire plus de 2 heures de taxi pour tenter de rejoindre l'hôpital provincial de Bamyan, « mon deuxième enfant est né dans la voiture », raconte-t-elle. « Il y avait beaucoup de neige sur la route, nous ne pouvions pas atteindre la ville. Quand ma fille est née, elle est tombée sous le siège de la voiture ».
Les déplacements dans la région sont difficiles, car les routes sont mal entretenues et les habitants doivent souvent eux-mêmes les déneiger à la pelle après de fortes chutes de neige. « En hiver et au printemps, la neige et la boue rendent très difficile l'accès à Bamyan », explique Akbar, qui s'est rendu à pied à la clinique MSF, pour une douleur chronique à la jambe.
Parfois, nous devions même passer la nuit coincés sur la route parce que la voiture restait bloquée dans la boue ou la neige. »
Avant l'ouverture de la clinique, il devait payer 2 000 afghanis (28 dollars américains) pour louer un taxi et se rendre à l'hôpital provincial de Bamyan. En tant que travailleur saisonnier, ces frais de transport étaient inabordables. « Il n'y a pas de travail pendant l'hiver », explique Akbar. « Nous travaillons en été pour couvrir nos dépenses hivernales, mais souvent, cela ne suffit pas. »
En plus de la construction des cliniques en 2022, MSF fournit un soutien financier, des fournitures médicales et non médicales, ainsi que des formations afin d'assurer le fonctionnement continu des installations.MSF soutient également les ressources humaines de la maternité de l'hôpital provincial de Bamyan afin d'améliorer l'accès aux soins de santé pour les femmes enceintes présentant des grossesses compliquées ou à haut risque.
Masoma, sage-femme de la clinique du village de Baghak, a suivi une formation approfondie en obstétrique à la maternité de MSF à Khost. Pour les cas qui dépassent ses compétences, elle appelle la sage-femme superviseure de MSF basée à Bamyan et, si nécessaire, oriente les femmes dont la grossesse ou l'accouchement est compliqué vers l'hôpital provincial de Bamyan, situé à trois heures de route sur des routes en mauvais état.
Référer une patiente à Bamyan peut également dépendre de la capacité à obtenir une connexion téléphonique.
Parfois, quand le temps est nuageux, la connexion ne fonctionne pas, alors nous devons escalader la montagne pour avoir du réseau », explique Masoma.
Même lorsque l'équipe médicale de Baghak parvient à capter un signal mobile, elle ne trouve pas toujours de véhicule pour transporter le patient à l'hôpital, « il y a très peu de taxis ou de voitures disponibles ».
En 2024, les équipes médicales des huit établissements ont assuré environ 57 000 consultations ambulatoires, administré près de 5 200 doses de vaccins de routine, dispensé 4 500 consultations gynécologiques et assisté plus de 155 accouchements. Cette même année, MSF a également fourni un soutien en personnel médical et fait des dons de fournitures médicales à l'hôpital provincial de Bamyan en réponse à une recrudescence des cas de rougeole et à une épidémie de diarrhée aiguë.