Mali

Interview de Seydou Ambié TOGO - Assistant de Programme d’appui à la santé visuelle de la Fondation Les Yeux du Monde au Mali.

Introduction

Seydou

Si tu devais te présenter à quelqu’un qui ne te connaît pas, que dirais-tu pour décrire qui tu es ?

Permettez-moi d’adresser mes sincères salutations à toutes et à tous. Je m’appelle Monsieur Seydou Ambié TOGO. Je suis un travailleur social de nationalité Malienne. Je suis né le 31 /12/1973 à Péné dans le cercle de Koro, situé dans la 5ème région administrative du Mali en Afrique de l’Ouest. Je suis marié. J’évolue dans le monde des organisations humanitaires médicales depuis 2001.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours professionnel et ce que tu fais actuellement ? 

Je suis titulaire d’un Diplôme Supérieur en travail social du Collège Coopératif PAM (Pyrénées Aix-en-Provence) et j’ai un Master en santé publique, option : santé internationale et géopolitique de l’institut supérieur de santé publique (ISSP) de Bamako. Dévoué et engagé, j’ai travaillé avec diverses organisations internationales dans le domaine de la promotion de la santé. J’ai débuté mon parcours professionnel en qualité de technicien du développement communautaire avec Médecins Sans Frontières Luxembourg au Mali, dans le projet soins de santé oculaire primaire à partir de juin 2001. Ensuite, comme chargé d’information – éducation et communication dans la gestion de l’épidémie de choléra de fin 2003 à 2004 dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Puis, superviseur des animateurs dans le projet paludisme à Kangaba de 2005 à 2007. Enfin, de 2008 à 2010, j’ai été responsable de la promotion santé au projet Malaria et soins pédiatriques dans les districts sanitaires de Kangaba et Sélingué avec MSF-OCB. Depuis 2011, je suis engagé comme assistant de programme d’appui à la santé visuelle de la Fondation Les Yeux du Monde au Mali.

Où es-tu actuellement basé et comment cette localisation influence-t-elle ton engagement avec MSF Luxembourg ?

Actuellement, je suis basé dans la ville de Mopti. Cette localisation influence fortement mon engagement avec MSF Luxembourg à plus d’un titre. D’abord c’est une localité où j’ai fait mes premiers pas dans la vie associative de MSF Luxembourg en 2002. En second lieu, lorsque la mission MSF-OCB a fait son retour dans les années 2012, j’ai été le point de contact pour la mission exploratoire dans la région de Mopti. Ce fut le cas aussi pour la mission MSF-OCBA. L’aspect le plus important de cette localisation est qu’elle m’a permis de participer facilement à toutes les activités de la vie associative des différents centres opérationnels MSF : OCP (dans le district de Tenenkou et Koutiala), OCBA (dans les districts de Koro , Douentza, Bandiagara et Bankass) et OCB (dans le district de Niono).  Cela me rapproche sans contraintes des membres associatifs et des points focaux Asso dans chaque district sanitaire pour échanger aisément sur les orientations du mouvement associatif

Si tu devais résumer en une phrase ce que MSF représente pour toi, que dirais-tu ?

Je dirais que Médecins sans frontières est un porte-espoir pour toute personne en situation de vulnérabilité sanitaire causée par les catastrophes de tout genre dans le respect de sa dignité.

Engagement associatif

Peux-tu nous raconter comment et quand tu as rejoint MSF Luxembourg ?

J’ai rejoint MSF Luxembourg en 2001 à la suite d’une annonce d’ouverture de poste d’un technicien supérieur de l’action social appelé TDC (technicien de développement communautaire). C’était lors d’une causerie dans un « grin » à travers Dr Maïmouna Koké TRAORE, médecin de profession. Elle m’avait indiqué là où l’annonce était affichée. Ce fut la première fois que j’entendis parler de MSF. J’ai postulé chez MSF sans connaitre l’association jusqu’au moment où j’ai eu accès à sa charte ses missions et ses valeurs sur le tableau d’affichage au siège de Bamako.

Quels sont les aspects que tu trouves les plus enrichissants, et les plus exigeants, dans ton engagement associatif avec MSF Luxembourg ?

Les aspects les plus enrichissants pour moi ce sont les débats lors des MiniAGs devenues FADs, l’Assemblée Générale, la lettre d’information interne de l’OCB « contact » les comptes rendus des premières missions terrains et les Newsletters. Les aspects les plus exigeants de mon engagement associatif avec MSF Luxembourg sont : faire comprendre à toute la communauté le rôle et l’avantage de la mission sociale de MSF, rassurer les donateurs de la bonne gouvernance des ressources mobilisées, innover et renforcer les capacités du personnel dans les opérations sans discrimination aucune et prendre en compte la gestion du plan de carrière pour celles et ceux qui le souhaitent.

Quel est ton rôle au sein de MSF Luxembourg et comment contribues-tu concrètement aux différents projets de l’organisation ?

Mon principal rôle est de contribuer considérablement à ce que MSF Luxembourg demeure un meilleur modèle dans le mouvement associatif global, non statique mais dynamique en proie à la réalité et à l’évolution mondiale. Concrètement, je suis disponible pour les échanges d’idées qui changent positivement les différents projets de l’organisation et plaider auprès des autres mouvements associatifs afin que la recherche opérationnelle serve à l’accès immédiat des actions médicales humanitaires dans toutes les missions MSF.

 

Peux-tu nous parler de l'engagement des anciens membres du Mali ?

J’ai remarqué que les anciens membres du Mali étaient très motivés et déterminés à soutenir toute action de MSF et en particulier celle de MSF Luxembourg pour laquelle une grande majorité a gardé de très bons souvenirs, avant son retrait définitif du Mali. Et surtout l’élan que MSF-OCB a donné à l’organisation nationale Alliance médicale de lutte contre le paludisme –santé population (AMCP-SP). La preuve en est que les anciens membres contribuent aux débats des FADs Bamako et à l’organisations des activités associatives, comme les dons de sang en période de forte transmission, initiés par les autres sections MSF France, MSF Espagne et MSF Belgique chaque année, malgré l’absence de projet en cours par MSF Luxembourg au Mali.

Comment, selon toi, pourrions-nous renforcer les liens entre les membres de MSF Luxembourg, et avec le mouvement MSF dans son ensemble ?

Les membres sont nombreux, en moyenne 80 personnes déjà connecté sur un groupe Whatsapp, avec plus de personnel de soutien que de médicaux. Nous pouvons renforcer les liens avec eux en faisant entre autres : partager les décisions importantes de la vie associative avec eux ; se repartir en petits groupes pour participer aux activité asso des missions avant chaque FAD et préFADs en fonction de leur proximité avec les sections OCB, OCP et OCBA et si possible, leur trouver un petit fonds chaque six mois pour organiser une œuvre sociale nous-même en invitant les autres associations MSF.

Qu’est-ce qui rend MSF Luxembourg unique ou particulièrau sein du mouvement global ?

MSF Luxembourg est unique grâce au dynamisme des membres associatifs et à la forte implication de son conseil d’administration qui écoute régulièrement le directeur général lors de ces réunions statutaires mensuels. Aussi, une mention spéciale pour la disponibilité de l’équipe de coordination du public engagement et la présidente du CA qui participent activement à beaucoup de forums associatifs. C’est aussi grâce à la transparence dans la gouvernance à travers un CA unique MSF Luxembourg asbl et fondation.

Quelles actions ou initiatives, selon toi, pourraient renforcer le sentiment de communauté et le lien entre les membres ?

Je propose deux grandes réunions hybrides (présentielles et en ligne) par an en plus de l’AG.

Perspectives MSF Luxembourg

La motion sur la recherche opérationnelle sera présentée lors de l’AGI de 2025. Qu’en penses-tu ?

C’est une avancée extraordinaire que la motion sur la recherche opérationnelle soit présentée lors de l’AGI de 2025. La plus-value de la recherche opérationnelle réside dans le fait que les résultats de chaque étude commanditée auront un impact direct sur les opérations dans toutes les missions. Le deuxième avantage est que la recherche opérationnelle peut s’appliquer au cas par cas en fonction des projets. C’est mon souhait le plus ardent que cette motion soit approuvée lors de l’AGI 2025.

Quel rôle la recherche opérationnelle et l’innovation peuvent-elles jouer pour améliorer les interventions humanitaires de MSF?

La recherche opérationnelle et l’innovation peuvent jouer un rôle très important dans l’amélioration des interventions humanitaires de MSF parce qu’elles permettront d’accroître les canaux de communication sur l’accès aux soins de santé et de varier les qualités de prestations en soins médicochirurgicaux voire le renforcement des compétences et du plateau technique des partenaires y compris. Oui, elles ont pour rôle fondamental de nourrir en permanence l’idée de perfectionnement dans notre offre de services aux populations en situation de précarité socio sanitaire.

Comment envisages-tu l’avenir de MSF Luxembourg dans les années à venir, et quel rôle aimerais-tu y jouer ?

Ma vision pour l’avenir de MSF Luxembourg dans les années à venir est d’avoir une organisation humanitaire sur laquelle aucun doute ne plane concernant sa bonne gouvernance, avec une gestion saine et rationnelle de toutes les ressources mobilisées auprès des donateurs en faveur des populations dans le besoin d’une assistance en soins de qualité. J’envisage une association MSF Luxembourg qui intègre systématiquement dans ses actions médicales les dimensions de réductions de l’impact environnemental lié au changement climatique

J’aimerais que mon rôle soit de renforcer la cohésion sociale au sein de l’équipe MSF sans discrimination et plaider pour que l’objectif « MSF est ce que nous voulons » soit une réalité pour toujours. Je vous remercie.