Fatima est assise devant la maison de ses beaux-parents, où elle vit avec son mari et sa fille unique, à Hermel, dans le nord de la vallée de la Bekaa. Liban, décembre 2020.
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« Tout ce que je voudrais, c'est pouvoir vivre décemment »

Le lundi 1 février 2021

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Fatima vit à Hermel, dans la partie nord de la vallée de la Bekaa, avec son mari et sa fille unique. Ils ne peuvent pas se permettre d'avoir leur propre logement, ils doivent donc partager une chambre dans la maison de sa belle-famille.

Pour cette Libanaise de 58 ans, qui souffre de graves complications dues au diabète, tenir le coup, jour après jour, est devenu un véritable défi. 

Fatima, une Libanaise âgée de 58 ans qui vit à Hermel et souffre de graves complications dues au diabète. Nord de la vallée de la Bekaa. Liban, décembre 2020.

« Nous avons toujours été pauvres, mais au moins, avant, on s’en sortait, explique Fatima. Il y a deux mois, mon mari a perdu son travail dans un magasin de légumes. Comme il y avait moins de clients, ils l'ont licencié. Avant, je travaillais comme femme de ménage, mais je ne peux plus travailler parce qu'on m'a diagnostiqué un diabète il y a cinq ans et depuis, ma santé s'est beaucoup dégradée. J'ai perdu la vue des deux yeux et j'ai développé une grave infection au pied qui m'empêche de marcher. J'ai toujours besoin d’Hiba, ma fille, pour m’aider. J’ai constamment des douleurs. Parfois, c'est insupportable.

MSF vient me voir chez moi, pour vérifier que je vais bien et me fournit les traitements dont j'ai besoin. Sans MSF, pour mes médicaments, je devrais compter sur la charité des gens. Notre fille travaille de temps en temps dans un magasin de vêtements après l'école. C'est notre seul revenu.

Nous mangeons surtout des lentilles, du boulgour et des pommes de terre, beaucoup de pommes de terre. Ce n'est pas un très bon régime pour mon diabète, mais c'est tout ce que nous pouvons nous permettre.

Je ne vais pas bien, ni physiquement ni émotionnellement. Je pleure beaucoup. Je me sens coupable pour ma fille, Hiba, qui doit prendre soin de nous et assumer des responsabilités qu’elle ne devrait pas avoir à son âge. Hormis la psychologue MSF, je n'ai personne à qui parler. Je ne veux pas ajouter un fardeau sur les épaules de ma fille ou de mon mari, et le reste de ma famille vit à Beyrouth, loin d'ici. Rien de ce que à quoi je pense ne me réconforte. La crise économique a été le coup de grâce. Tout ce que je voudrais, c'est pouvoir vivre décemment. »

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