Thomas Kauffmann, nouveau Directeur Général de Médecins Sans Frontières Luxembourg
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Après treize ans à la tête de l’association ECPAT qui lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, Thomas Kauffmann vient de rejoindre l’ONG Médecins Sans Frontières Luxembourg, en qualité de Directeur Général.
Titulaire d’une Licence en Économie obtenue à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, et d’un Doctorat en Anthropologie à l’Université d’Oxford, ce Luxembourgeois d’adoption partage les valeurs portées par Médecins Sans Frontières et souhaite aujourd’hui les défendre alors que les défis humanitaires sont de plus en plus nombreux.
L’urgence humanitaire n’est pas un concept abstrait
Avec la multiplication des crises – climatiques, nutritionnelles, énergétiques, économiques – le risque d’une fragmentation mondiale est particulièrement aigu. Il est devenu évident que les frontières n’empêchent ni la propagation des épidémies, ni les désastres écologiques et les vagues migratoires qu’elles entraînent. De même, la guerre en Ukraine a rappelé aux Européens que la paix n’est pas un acquis immuable et que les conséquences d’un conflit vont bien au-delà des lignes de front. Nous le voyons jusque dans notre foyer et notre quotidien avec le prix de l’énergie, mais le constat est plus inquiétant encore pour de nombreux pays d’Afrique qui dépendent des céréales russes et ukrainiennes pour leur sécurité alimentaire, et risquent de traverser des vagues sévères de malnutrition.
« Quand chacun devient vulnérable, il nous faut être forts ensemble »
Neutre, indépendante et impartiale, l’association MSF s’appuie sur un demi-siècle d’expérience qui a façonné sa gestion des urgences et son haut niveau d’expertise, avec un souci constant de transparence envers les donateurs privés qui constituent 99% de son financement. Pour Thomas Kauffmann, « il devient essentiel de se rassembler et d’œuvrer collectivement pour améliorer le sort de chacun, car nous ne pourrons répondre qu’ensemble aux enjeux planétaires ». Cette solidarité passe notamment par une proximité que MSF continue de cultiver à tous les niveaux de son organisation : avec son personnel de terrain, les communautés où sont implantés ses projets et, bien sûr, avec ses donateurs et le grand public. « Aujourd’hui, la situation de chacun devient interchangeable. Au Pakistan, par exemple, nous avons du personnel local MSF qui a été lui-même touché par les récentes inondations ; je veux dire que ceux qui assistent les autres auront peut-être un jour besoin d’assistance, et cela vaut pour chacun d’entre nous. L’idée qu’un jour nous vivions personnellement une situation critique n’apparaît plus improbable. »
Savoir-faire et anticipation
Au-delà de la réponse d’urgence humanitaire qui reste le noyau dur de l’organisation, Thomas Kauffmann souhaite mettre en avant les capacités d’innovation et de prospective de MSF. « Je suis particulièrement admiratif de la façon avec laquelle s’adaptent nos équipes selon le contexte. Je pense notamment aux trains médicalisés que nous avons mis en place en Ukraine, et à tous les défis logistiques que nous relevons chaque jour avec des trésors d’imagination. Un autre pan méconnu du travail de MSF est celui de l’anticipation : en Ukraine, pour reprendre cet exemple, nous nous sommes préparés dès l’été 2021 à la détérioration de la situation. Le Pool d’Urgence MSF est en alerte permanente sur les crises latentes, qui risquent d’exploser du jour au lendemain partout dans le monde. Que soit ce pour la situation en Ukraine ou la crise nutritionnelle au Nigéria pour laquelle nous alertons d’ailleurs depuis des mois, c’est un travail au long cours qui se fait sur le terrain, au plus près des acteurs locaux et des populations ; un travail complémentaire à celui de notre cellule luxembourgeoise de Recherche Opérationnelle (LuxOR) qui, elle, évalue les programmes MSF déjà en place pour leur amélioration continue ou, comme cela a été fait dans les maisons de retraite belges au début de l’épidémie de Covid-19, pour partager son expertise en gestion de crise ».
Comme l’explique Thomas Kauffmann, « l’instabilité qui nous entoure ne doit pas nous paralyser ; au contraire, elle impose d’agir, en s’appuyant sur des acteurs solides et indépendants de toute influence. Le mouvement MSF en est un, connu et reconnu, que je suis heureux de rejoindre aujourd’hui pour faire connaître et faire face aux urgences : qu’elles soient d’actualité ou, comme c’est le cas pour la situation au Yémen ou pour les réfugiés Rohingyas au Bangladesh, dont on ne parle plus. »