Campagne de vaccination contre le choléra au Liban.
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Lutte contre le choléra au Liban : "La vaccination et l'accès à l'eau potable sont essentiels".

Le vendredi 9 décembre 2022

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Le Liban lutte contre sa première épidémie de choléra depuis trois décennies. Médecins Sans Frontières (MSF) fournit des kits d'hygiène, des vaccins, des points de rehydratation, dans la vallée de la Bekaa, au nord et au nord-est du pays, zones où le nombre de cas confirmés est le plus élevé, en plus des soins médicaux dans deux centres de traitement du choléra dans la vallée de la Bekaa. Fin novembre, MSF, en collaboration avec d'autres acteurs internationaux et nationaux, avait administré près de 600 000 vaccins contre le choléra dans le but d'endiguer l'épidémie. Mais l'accès limité à l'eau potable et aux réseaux de gestion des déchets dans le pays a créé un obstacle supplémentaire pour contenir la propagation de la maladie. 

Le chef de mission de MSF au Liban, le Dr Marcelo Fernandez, décrit ce qu'il a vu lors d'une récente visite dans la vallée de la Bekaa. 

Pourquoi le Liban est-il confronté à une épidémie aujourd'hui ? 

Le choléra, comme de nombreuses maladies infectieuses, est évitable lorsque des mesures sanitaires et de santé publique sont en place. Causé par une infection bactérienne d'origine hydrique, le choléra se transmet par des aliments ou de l'eau contaminés, ou par contact avec des matières fécales ou des vomissements de personnes infectées. Cependant, il est peu probable que la maladie se propage rapidement dans les endroits où il existe un traitement adéquat de l'eau et un assainissement approprié. Au Liban, ces conditions ont été compromises car le pays est confronté à l'une des pires crises économiques au monde, créant ainsi un environnement idéal pour la propagation de la maladie. Les réseaux d'eau, de gestion des déchets et d'électricité au Liban sont vieux et mal entretenus, ce qui provoque des fuites. L'insuffisance des infrastructures d'approvisionnement et de traitement de l'eau qui en résulte permet aux maladies hydriques de faire surface, notamment le choléra et l'hépatite A (qui a été enregistrée dans la deuxième ville du Liban, Tripoli, en juin 2022). Ces épidémies sont un symptôme de l'effondrement du système d'approvisionnement en eau, qui a été affecté par des crises aggravées dans le pays.

Campagne de vaccination contre le choléra au Liban.

Pourquoi l'épidémie de choléra au Liban est-elle si inquiétante ? 

L'accès aux vaccins et à l'eau potable est essentiel pour enrayer une épidémie de choléra. La crise économique et énergétique actuelle - qui s'est traduite par des coupures d'électricité de plus en plus fréquentes - a rendu encore plus difficile l'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement au Liban. Les pompes à eau qui alimentent des zones spécifiques ont récemment cessé de fonctionner en raison de multiples coupures de courant, ce qui signifie que les gens doivent encore plus souvent compter sur des sociétés privées non réglementées de transport d'eau par camion pour leur approvisionnement en eau. Touchés par la crise financière, les gens qui n'ont pas les moyens de s'approvisionner en eau par camion privé - en particulier ceux qui vivent dans des zones reculées et délaissées - doivent compter sur des rivières et des étangs pollués pour couvrir leurs besoins en eau. Les réseaux d'eaux usées, déjà anciens, ne sont pas entretenus, ce qui entraîne des fuites dans les champs et les foyers. 

Une évaluation préliminaire effectuée par nos équipes dans le nord (Wadi Khaled) et le nord-est (Arsal, Mashrieh Al Qaa & Hermel) du pays, début octobre, a montré que les sources d'eau - qu'il s'agisse de camions-citernes, de puits ou de réseaux d'eau - ne contiennent pas de chlore résiduel, ce qui laisse craindre pour la qualité de l'eau qui parvient aux populations. Habituellement, une quantité adéquate de chlore est ajoutée à l'eau pour inactiver les bactéries et certains virus à l'origine des maladies diarrhéiques. L'eau est ainsi protégée de toute recontamination pendant son stockage. Il s'agit d'un élément essentiel pour maintenir la qualité de l'eau à travers le réseau de distribution. 

En parallèle, on constate une grave pénurie de fournitures médicales et de diagnostic. Le système de santé est de plus en plus dépendant du soutien des donateurs, ce qui diminuera sa capacité à réagir rapidement et de manière adéquate si les cas continuent à se propager dans le pays. En raison de la crise économique, la plupart des gens n'ont pas les moyens de se payer des soins de santé. 

Tous ces facteurs contribuent à la propagation rapide du choléra et entravent son endiguement. Il est même difficile pour les gens d'appliquer des mesures de prévention. 

Quelles sont les mesures et actions nécessaires pour endiguer l'épidémie ? 

Pour être en mesure d'endiguer efficacement l'épidémie, il est essentiel de renforcer les mesures de prévention du choléra. La vaccination et l'eau potable sont deux éléments essentiels à cet égard. Si aucune mesure significative n'est prise pour garantir un accès correct à l'eau potable et aux services d'assainissement dans le pays, nous pouvons nous attendre à ce que le choléra et d'autres maladies infectieuses d'origine hydrique refassent régulièrement surface au Liban. 

Maintenant qu'une campagne nationale de vaccination est en cours de déploiement, que les hôpitaux sont équipés de matériel médical, que le personnel de santé a été formé et que des actions de sensibilisation à la santé ont été menées au sein des communautés, nous avons l'occasion de nous concentrer sur le volet prévention de l'épidémie. Cependant, les acteurs concernés doivent garantir l'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement pour s'attaquer aux causes profondes de cette urgence sanitaire.

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