Plusieurs bébés partagent un seul incubateur dans l'unité de soins intensifs néonatals de l'hôpital Al Helou, au nord de Gaza, en raison d'un manque d'incubateurs.
Actualité

Les prématurés luttent pour leur survie dans le nord de Gaza.

Le mercredi 23 juillet 2025

En 1 clic, aidez-nous à diffuser cette information :

Témoignage de Dr Joanne Perry, Medical Team Leader pour le Nord de Gaza.

Alors que les prématurés luttent pour leur survie, les équipes médicales de Gaza manquent d'équipements essentiels tels que des échographes, des couveuses, des fournitures médicales et même du lait maternisé pour prématurés, nécessaires pour les maintenir en vie. Depuis l'hôpital Al-Helou, soutenu par MSF, dans le nord de Gaza, le Dr Joanne Perry partage son expérience dans le traitement des prématurés au sein de l'unité de soins intensifs néonatals de l'établissement.

« Au début, deux bébés partageaient une couveuse, ce qui est déjà tout à fait inacceptable et choquant à voir. Puis ce nombre est passé à trois, et la semaine dernière, nous avons vu cinq bébés dans une seule couveuse. Avec toutes les attaques contre les établissements de santé, il n'y a plus aujourd'hui que 36 couveuses dans le nord de Gaza, contre 126 avant octobre 2023

Le fait que plusieurs bébés partagent un même incubateur augmente considérablement les risques d'infection. Le système immunitaire des nouveau-nés, en particulier des prématurés, n'est pas encore développé. Pour favoriser le développement neurologique des prématurés, nous utilisons des couvertures enroulées ou d'autres matériaux souples pour créer une barrière autour du nourrisson, imitant ainsi l'environnement protecteur de l'utérus. Cette technique est appelée « technique du nid ». Cette position aide à stabiliser la posture du bébé, réduit les mouvements excessifs des membres et favorise la stabilité physiologique et comportementale.

L'une des raisons pour lesquelles nous voyons autant de bébés prématurés est la détérioration de la santé des mères. C'est la troisième fois que je me rends à Gaza au cours de l'année écoulée, et ce qui a changé, c'est que les femmes enceintes souffrent d'une grave insuffisance pondérale et d'une anémie sévère. Cela peut entraîner des complications pendant la grossesse, notamment un accouchement prématuré. 

De plus, les femmes enceintes vivent dans des conditions épouvantables : dans des abris ou des tentes surpeuplés, sans pratiquement aucun accès à l'eau potable pour se laver. Beaucoup n'ont pas accès aux soins prénataux en raison du fonctionnement limité des installations et des déplacements répétés. Cela signifie que les grossesses à risque passent souvent inaperçues jusqu'à ce que des complications surviennent, parfois trop tard.

Nous voyons des naissances prématurées et des bébés nés avec des problèmes de santé qui auraient pu être évités grâce à une surveillance même minimale, comme le diagnostic d'une pneumonie ou d'anomalies cardiaques, qui peuvent ensuite être traitées avec succès. Mais nous ne disposons pas du matériel nécessaire dans l'unité néonatale de soins intensifs : pas d'échographes, pas de rayons X et souvent même pas les analyses sanguines dont nous avons besoin.

L'équipe médicale d'Al-Helou est confrontée chaque jour à des défis sans fin. Le carburant figure en tête de liste, car tous les hôpitaux de Gaza fonctionnent avec des générateurs diesel. Les pénuries de carburant entraînent des coupures de courant, qui tuent les nouveau-nés dépendants de l'oxygène dans l'unité néonatale de soins intensifs. Malheureusement, lundi soir (14 juillet 2025), un bébé qui aurait pu survivre a perdu la vie parce que le courant a été coupé et que l'approvisionnement en oxygène a donc été interrompu. 

Le manque de fournitures est un autre problème majeur. Elles sont si limitées que nous devons espacer les changements de couches, ce qui peut entraîner des érythèmes fessiers. Nous sommes toujours sur le point d'atteindre la fin de nos réserves de lait maternisé. Nous encourageons l'allaitement maternel et sommes fiers d'être un hôpital favorable à l'allaitement, mais dans cette situation, de nombreuses mères ne peuvent pas rester pour nourrir leurs bébés toutes les quelques heures. Elles doivent souvent s'occuper du reste de leur famille ou n'ont pas assez d'argent pour se déplacer et doivent faire des allers-retours à pied pendant des heures. 

C'est déchirant. Avoir un bébé devrait être un moment de joie et d'espoir, mais aujourd'hui, pour tant de familles à Gaza, ce moment est assombri par le stress et la peur. Malgré tous les obstacles, l'équipe travaille ensemble avec des ressources de plus en plus limitées pour fournir les meilleurs soins possibles à ces nouveau-nés. »

Nos actualités en lien