Le poste de santé mis en place par MSF sur le site des personnes déplacées. Juillet, 2024. Naifunke, Mali. © Aichata Diakité/MSF
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Les hostilités entre des hommes armés vident les villages de leurs habitants dans le nord du Mali

Le vendredi 2 août 2024

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Fin avril 2024, environ 2 000 déplacés internes sont arrivés dans la ville de Niafounké. Ils sont originaires de la partie du Gourma, dans le cercle de Niafounké, une zone située au nord du Mali. Ils ont fui des tensions armées entre les groupes armés non étatiques et l’armée malienne. Suite à leur arrivée, MSF a mis sur pied un poste de santé et distribué des kits avec du matériel divers.  

Ils étaient 2 000 déplacés au mois d’avril 2024 et 4 000 au mois de juin, comprenant 613 ménages. Ces hommes et femmes ont dû quitter leur village sous la pression des groupes armés non étatiques, certains pour éviter de s’y faire enrôler. Parfois accusés d’être complices de l’un ou l’autre camp, d’autres n’ont pas réussi à s’échapper à temps. Ces déplacés ont été contraints de quitter les villages de Dagodji, Fourou, Goundamtouskeli et Mandjebougou. Ils n’ont pas eu le temps d’emporter de biens essentiels dans leur fuite, laissant parfois derrière eux leurs familles, mais aussi leurs fermes et animaux.  

Ces femmes déplacées et leurs enfants ont été contraints de quitter le village de Mandjebougou pour se réfugier dans une école publique à Niafounke. Mali, juillet 2024 © Aichata Diakité/MSF
Sur le deuxième site, à l'intérieur de l'école maternelle, des filles déplacées vont chercher de l'eau à une borne-fontaine rétablie par MSF à l'arrivée des déplacés. Mali, juillet, 2024 © Aichata Diakité/MSF

Ces expériences traumatisantes ont causé d’importants troubles psychologiques chez les déplacés. Jeune homme de 23 ans, du village de Dagodji raconte : 

Je suis agriculteur. J’ai fui mon village sous la menace des hommes armés. Ils sont venus pour recruter des jeunes, je les ai défiés en disant que je refusais d’adhérer. Dès lors, ils ont voulu m’éliminer. Ils m’ont menacé avec une arme, j’ai eu peur et j’ai plongé précipitamment dans l’eau pour atteindre Niafounké à la nage. Ils ont tiré, mais heureusement, je n’ai reçu aucune balle. Si ces déplacés ont fui pour trouver refuge dans la ville urbaine de Niafounké, certains continuent de vivre dans la peur et se sentent toujours poursuivis. »

Dépendant de l’agriculture comme moyen de subsistance, ces familles n’ont plus de quoi vivre. L’abandon de leurs champs et animaux représente une perte importante. Ceux-ci se retrouvent seuls, sans personne pour s’en occuper. Les déplacés ne savent pas comment rembourser les prêts contractés notamment pour des travaux champêtres. 

Les déplacés vivent dorénavant à Niafounké, entassés dans des salles de classe, où les conditions d’habitation difficiles comme la promiscuité et le manque d’hygiène sont des facteurs favorisant la prolifération de certaines maladies. 

Nous avons des cas croissants d'infections respiratoires (sur 618 personnes soignées 51,6% sont des enfants de moins de 5 ans), des affections dermatologiques infectieuses et des cas de diarrhées (sur 158 personnes soignées, 87 étaient des enfants de moins de 5 ans). Nous notons aussi des cas de malnutrition, 66% des enfants dépistés dans nos consultations sur les camps des déplacés sont malnutris aigus. Le nombre de déplacés nécessitent également une assistance en santé mentale, confrontés à la perte de leurs proches et de leurs biens ».

Docteur Baricomo Karembé, médecin clinicien sur le site des déplacés.

 

Le docteur Baricomo Karambé, médecin clinicien, est en pleine consultation avec un enfant déplacé. Mali, juillet, 2024 © Aichata Diakité/MSF

Dès leur arrivée, au mois d’avril, MSF a immédiatement mis en place un poste de santé pour la prise en charge gratuite des soins de santé primaire sur le site, installé des points d’eau et offert 600 kits non alimentaires. Parmi ces 4 000 déplacés, le bilan de nos équipes révèle qu’entre avril et juin 2024, 1 202 femmes ont bénéficié de soins dont 96 consultations prénatales et 15 accouchements ont été réalisées.  

L'accès à l'eau potable et aux soins de santé sont assurés par MSF, cependant d’autres besoins ne sont pas comblés. Avec la rentrée des classes qui approche, il est important de trouver un site adapté. Une assistance en santé mentale devient également pressante.

MSF encourage d’autres organisations humanitaires locales et internationales à renforcer le soutien aux déplacés.   

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