Un travailleur de MSF se tient près d'une clôture de barbelés pendant une consultation médicale de la clinique mobile de MSF dans la zone frontalière de Horgos 2 en Serbie.
Actualité

Déclaration de MSF en réponse au "règlement de crise" de l'UE du 05.10.2023

Le vendredi 6 octobre 2023

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Ce nouvel accord témoigne d'un grave mépris politique pour la protection des vies humaines. Loin d'offrir une solution à l'immense souffrance et à la détresse des personnes en quête de sécurité et de protection aux frontières de l'Europe, il permet aux États européens de s'écarter encore davantage de leurs responsabilités envers ceux qui en ont besoin. 

Au lieu de palier un système d'asile défaillant en Europe et de garantir des parcours sûrs et légaux à ceux qui en ont besoin, ce nouvel accord cautionne implicitement les pratiques néfastes que nous avons constatées dans toute l'Europe.

Depuis des années, MSF traite les conséquences sur la santé physique et mentale des politiques migratoires européennes inhumaines. Ces politiques se sont emparées de la notion de "crise" et d'"instrumentalisation" pour diminuer les normes et les droits minimums. 

Dans le cadre de nos projets en Grèce, en Pologne, en Lituanie, en Libye et en Méditerranée centrale, nous avons vu comment les États européens ont capitalisé sur cette notion de mesures extraordinaires pour diminuer les protections des personnes en grande difficulté.  Ces notions ont servi de terreau à des pratiques violentes telles que les refoulements aux frontières et les détentions prolongées et arbitraires, comme l'accord entre l'Italie et la Libye qui soutient le système d'exploitation, d'extorsion et d'abus dans lequel tant de personnes se retrouvent piégées.

Nous savons par expérience que ces mesures ont également souvent servi à restreindre l'aide humanitaire indépendante et la surveillance de la société civile, rendant l'assistance aux individus dans le besoin de plus en plus difficile. Les exemples concrets sont nombreux : à la suite des mesures d'urgence 2021-2021 en Pologne, par exemple, les équipes de MSF n'ont pas pu fournir d'assistance médicale d'urgence après s'être vu refuser l'accès à la zone frontalière militarisée. Au cours de l'hiver 2021-2022, plus de 21 personnes sont mortes aux frontières biélorusses avec la Pologne et la Lituanie.

MSF appelle les États européens à changer immédiatement de cap ; à donner la priorité à la sécurité des personnes en quête d'un sanctuaire et à cesser d'instrumentaliser la souffrance humaine à des fins de monnaie d'échange politique.