De graves problèmes médicaux causés par la détention illégale de migrants en Lettonie
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Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les autorités lettones à mettre immédiatement fin à la détention illégale et arbitraire, qui a de graves conséquences sur la santé mentale et physique des migrants et des demandeurs d'asile en Lettonie.
Actuellement, une cinquantaine de personnes sont détenues dans deux centres de d'enregistrement des étrangers (IDC) lettons, gérés par le Service national des gardes-frontières (SBGS) ; l'IDC de Mucenieki, près de la capitale lettone Riga et l'IDC de Daugavpils, situé près de la frontière biélorusse. Les personnes détenues sont des personnes vulnérables, notamment des survivants de torture ou de violences sexuelles, des enfants et des femmes enceintes.
En juillet 2022, MSF a commencé à se rendre dans ces deux centres pour soutenir les personnes détenues, en leur apportant régulièrement un soutien psychologique et psychosocial.
" Une telle détention a un impact négatif grave sur la santé mentale des individus ", explique Georgina Brown, coordinatrice de projet MSF en Lituanie et en Lettonie. "Nos équipes ont été témoins de niveaux de stress élevés, d'anxiété, de perte de dignité, ce qui peut conduire à l'automutilation. Beaucoup de ces hommes, femmes et enfants ont déjà vécu des événements traumatisants, qui les ont poussés à fuir leur foyer. Leur détention prolongée risque d'ajouter d'autres traumatismes aux vulnérabilités existantes", déclare Georgina.
Les centres de Mucenieki et de Daugavpils sont tous deux sous haute surveillance vidéo, ce qui limite considérablement la vie privée des personnes. Les SBGS confisquent les téléphones portables personnels à l'arrivée, ce qui restreint l'accès des personnes à la communication avec leur famille et leur réseau social en dehors des centres. Le manque de communication externe limite également l'accès des personnes à l'information et au soutien, ce qui contribue au sentiment de désespoir et à la détérioration de leur bien-être et de leur protection.
"Les personnes se trouvant dans ces centres de détention pour immigrés ne comprennent pas ce qui leur arrive", dit Georgina. "Ils ont l'impression d'être en prison, mais sans savoir ce qu'ils ont fait de mal et sans connaître la date de fin de leur peine. Nous connaissons des personnes qui sont enfermées comme ça depuis plus de huit mois maintenant. Ils vivent un véritable cauchemar", ajoute-t-elle.
MSF s'alarme également de la détention illégale d'enfants dans les centres de détention, qui nuit à leur développement et à leur bien-être. "Notre famille a fui l'Afghanistan parce que mes petites filles n'avaient pas le droit d'aller à l'école et qu'il n'y avait pas de liberté sous le régime des talibans", explique Khalid*, un père de famille afghan détenu dans l'un des centres de détention en Lettonie.
Les enfants maintenus en détention sont confrontés à des risques sérieux pour leur développement psychologique et présentent souvent des signes de déficience grave. "Les enfants détenus manquent des éléments essentiels à leur développement, comme le jeu et l'école, et sont indirectement affectés par le stress que ressentent leurs parents", explique Heidi Berg, psychologue MSF.
"Je m'ennuie beaucoup. Je ne peux jouer dehors, dans la zone clôturée, que quelques fois dans la journée. Chaque minute est comptée", a confié à nos équipes un jeune garçon détenu dans l'un des centres.
Nous sommes également inquiets pour les hommes célibataires détenus dans les centres, qui restent détenus pendant de longues périodes et sont souvent exposés à des mauvais traitements. Dans les conditions carcérales des centres de détention, les hommes célibataires sont souvent appelés "détenus" par le SBGS, doivent être fouillés et sont enfermés dans leur "cellule". Ces hommes ont fui leur pays en quête de sécurité et sont maintenant traités comme des criminels, ce qui est injuste pour eux et détériore leur santé mentale.
"L'année dernière a été une année sans liberté. Mon cœur saigne de douleur et de chagrin. (...) S'il vous plaît, aidez-nous dans cette situation. Certains ont tenté de se suicider parce qu'ils sont enfermés depuis plusieurs mois sans raison concrète ", a confié un jeune homme détenu dans l'un des centres aux équipes de MSF.
MSF exhorte les autorités lettones à mettre fin à la détention illégale et arbitraire des personnes en déplacement. Nous appelons à la mise en œuvre d'alternatives à la détention, notamment le transfert immédiat des hommes, femmes et enfants détenus dans les deux IDC vers des lieux sûrs, comme le centre ouvert de Mucenieki, où ils pourront bénéficier d'une assistance humanitaire et d’une protection adéquate.
*Les noms ont été changés par mesure de sécurité