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Ghazali Babiker, MSF representative in Sudan.

On Wednesday, April 19, 2023

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Partout dans le pays, et en particulier à Khartoum, au Darfour, au Kordofan Nord et dans les Etats du Gedaref, nos équipes sont confrontées à de sérieux défis. Nos locaux de Nyala, au Sud Darfour, ont été pillés, y compris l'un de nos entrepôts. À Khartoum, la plupart des équipes sont prises au piège par les violents combats en cours et ne peuvent accéder aux entrepôts pour livrer des fournitures médicales vitales aux hôpitaux. À Khartoum, même les ambulances sont refoulées. Elles ne sont pas autorisées à passer pour récupérer les corps des morts dans les rues ou pour transporter les blessés à l'hôpital.

À Khartoum et dans d'autres villes où les combats sont intenses, nous avons reçu des rapports faisant état d'hôpitaux débordés et fermés, à court de fournitures, d'eau, d'électricité, de carburant pour les générateurs. Le personnel de ces établissements médicaux travaille sans relâche depuis que la violence a éclaté et est complètement épuisé. Nombre d'entre eux sont en service depuis de nombreuses heures, prodiguant des soins vitaux dans des conditions extrêmement difficiles, malgré l'impact de la situation sur eux et sur leurs propres familles. D'autre part, le personnel médical qui n'est pas de garde ne peut pas se rendre dans les hôpitaux pour prodiguer des soins vitaux en raison de l'intensité des combats et de l'insécurité.

Nous sommes prêts à fournir du matériel et du personnel médical aux principaux établissements de santé fonctionnels qui ont besoin d'aide, mais il est trop dangereux pour quiconque de se déplacer à l'intérieur de Khartoum et d'autres villes.

Nous demandons instamment à toutes les parties au conflit de garantir la sécurité du personnel médical et des patients, afin qu'ils puissent accéder aux établissements de santé sans craindre pour leur vie. Nous demandons également à toutes les parties au conflit de veiller à ce que tous les établissements de santé - y compris les hôpitaux, les cliniques, les entrepôts et les ambulances - soient protégés. Ils ne devraient jamais être pris pour cible.

La majorité des blessés que nous voyons à Al Fasher sont des civils qui ont été pris dans les tirs croisés - et parmi eux se trouvent de nombreux enfants. Ils ont des blessures extrêmement graves et, jusqu'à samedi après-midi, il n'y avait pas de capacité chirurgicale dans cet hôpital. Tous les autres hôpitaux du Darfour Nord ont dû fermer en raison de leur proximité avec les combats ou de l'incapacité du personnel à se rendre sur place à cause de la violence. Par conséquent, au cours des cinq derniers jours, nous avons reçu 220 patients blessés. Malheureusement, 34 d'entre eux sont décédés en raison de la gravité de leurs blessures. Actuellement, bien que nous disposions d'une certaine capacité chirurgicale, il n'y a que 38 lits dans cet hôpital. Il n'y a pas assez d'espace pour eux et beaucoup sont traités à même le sol, dans les salles et les couloirs.

Dans l'état actuel des choses, l'hôpital manque de matériel médical pour traiter les survivants. On manque de sang pour les transfusions. Les réserves de carburant pour le générateur de l'hôpital s'épuisent également. Il est important de mentionner que, sans ces fournitures vitales, il y aura d'autres pertes en vies humaines. Nous avons reçu une liste d'articles chirurgicaux dont l'équipe chirurgicale a besoin de toute urgence et nous avons pu leur en faire parvenir une partie, mais ce n'est pas suffisant. Avec le nombre de blessés que nous recevons, ces fournitures seront bientôt épuisées.

L'aéroport est fermé depuis samedi et il est vital qu'il soit rouvert afin que nous puissions acheminer du matériel médical supplémentaire et éventuellement une équipe chirurgicale MSF pour soutenir les chirurgiens qui sont actuellement au travail.

Je voudrais également mentionner qu'à la suite du coup d'État militaire de 2021, la majeure partie de l'aide internationale au Soudan a été gelée et la crise économique qui s'en est suivie a entraîné une augmentation du coût de la vie pour la population, ce qui a eu pour effet d'accroître l'insécurité alimentaire. Les hôpitaux avaient déjà du mal à fonctionner en raison du manque de fournitures médicales et de la fuite des cerveaux du personnel médical. Le système de santé soudanais est au bord de l'effondrement depuis des décennies ; la crise économique et la crise politique l'ont poussé à son point de rupture et ce dernier épisode va encore exacerber la détérioration des besoins humanitaires dans le pays, qui étaient déjà à leur plus haut niveau depuis dix ans.

Propos receuillis par le journal El País. 18/04/2023

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