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Conférence MSF au Festival des Migrations

Au cœur des routes migratoires  

Les routes migratoires vers l’Europe sont souvent racontées à travers des chiffres et des discours politiques. Mais derrière ces données se cachent des réalités humaines marquées par l’attente, l’exil et la violence. Trois courts-métrages projetés au Festival des Migrations ont mis en lumière ces trajectoires, dévoilant le quotidien de migrants subsahariens confrontés à la brutalité des détentions en Libye, aux refoulements en mer et aux politiques répressives aux frontières européennes.  

Détournés de leur itinéraire et interceptés par les garde-côtes libyens, de nombreux migrants se retrouvent enfermés dans des centres de détentions aux conditions inhumaines, privés de lumière du jour et exposés à une violence systémique. Face à l’absence d’alternative, la traversée de la Méditerranée devient souvent leur unique échappatoire.  

Parmi les témoignages, celui de Yonas, un jeune Érythréen, a particulièrement ému l’audience. Après trois ans en Libye et cinq passages par des centres de détention, il a enfin atteint l’Europe, avant d’être incarcéré à Malte. Son parcours l’a ensuite mené en Belgique et au Royaume-Uni, avant de le conduire au Luxembourg, où le public du festival a eu la surprise et l’émotion de le rencontrer en personne à l’issue de la projection. 

Politiques migratoires et conséquences sanitaires 

Les panélistes ont critiqué un modèle de gestion de l'immigration où l'Union européenne délègue le contrôle des flux migratoires à des pays tiers, comme la Libye et, de plus en plus, la Tunisie, en finançant et soutenant les forces locales pour empêcher les départs vers l'Europe, exposant ainsi les migrants à de graves violations des droits humains.  

Comme en témoignent les récits des courts-métrages, nombre de migrants se retrouvent pris au piège dans des pays comme la Libye, la Tunisie, le Niger ou la Serbie. Ceux qui tentent de poursuivre leur route affrontent des conditions extrêmes, risquant l’hypothermie et des blessures graves en traversant le désert, la Méditerranée ou les forêts aux frontières de l’UE. L’arrivée en Europe ne marque pas la fin du calvaire : à nouveau, détention, discrimination et exclusion ravivent des traumatismes déjà profonds. Sans hébergement ni accès aux services d’intégration, certains se retrouvent à la rue. MSF alerte sur les conséquences sanitaires de cette marginalisation : gale, détresse psychologique et tentatives de suicide en hausse. 

Umberto Pellecchia, chercheur senior en recherche qualitative chez MSF LuxOR, rappelle que

Ce ne sont pas les migrations elles-mêmes qui mettent en danger la santé des migrants, mais bien les choix politiques qui entravent leur accès aux droits fondamentaux, les exposent à des conditions précaires et créent des situations de vulnérabilité évitables.