LuxOR - Recherche pour l'action humanitaire
LuxOR, l'Unité de Recherche Opérationnelle (RO) basée au Luxembourg, a vécu une année stimulante et passionnante en étant confrontée à des défis complexes, tels que le manque d’attention porté aux victimes masculines de violences sexuelles (Cf. étude 1), la fièvre de Lassa en tant que maladie négligée (Cf. étude 2) ou la prise en charge des besoins psychologiques des migrants (Cf. étude 3).
La RO, la science des meilleures pratiques
Chaque étude en RO menée par l’équipe LuxOR s’interroge sur les aspects qui fonctionnent bien dans un projet et sur ce qui doit être amélioré. Ces études font l’objet de publications dans des revues scientifiques renommées. En 2018, l’équipe a contribué à la publication de 95 études couvrant 13 thématiques.
Diversité des publications en 2018 (total=95)
Traduire les résultats en améliorations concrètes
Les résultats et recommandations des études permettent d’améliorer les programmes MSF et la qualité des soins prodigués ; par exemple, de mieux adapter la prise en charge de victimes sous-représentées (Cf. étude 1), de mieux se préparer à des épidémies futures (Cf. étude 2) ou de plaider en faveur de l’amélioration des conditions d’accueil et des procédures d’asile (Cf. étude 3).
LuxOR 2018 EN CHIFFRES
- UNE ÉQUIPE DE 12 PERSONNES QUI SOUTIENT 65 PROJETS DE RECHERCHE DANS LE MONDE ENTIER
- 18 VISITES TERRAIN : EN CENTRAFRIQUE, EGYPTE (3), GRÈCE (4), BANGLADESH, CAMBODGE, GUINÉE (2), RDC (2), MAURITANIE, ZIMBABWE, AFRIQUE DU SUD ET BELGIQUE
- A CO-DIRIGÉ 95 PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES COUVRANT 13 THÉMATIQUES
- A SOUTENU 6 FORMATIONS EN RECHERCHE OPÉRATIONNELLE AUXQUELLES ONT PARTICIPÉ 51 PERSONNES : EN GRÈCE, KENYA, LIBAN, AFRIQUE DU SUD, SRI LANKA ET OUGANDA
Zoom sur 3 études RO
MSF assure la prise en charge des victimes tant masculines que féminines de violences sexuelles dans le cadre de bon nombre de ses projets à travers le monde. Les victimes se rendant dans les cliniques MSF bénéficient d’une gamme complète de soins et de services d’assistance : traitement des blessures, prévention des infections, aide juridique, ou encore soutien psychologique et social. Deux études de recherche opérationnelle ont conduit à l’analyse de 13 000 cas de violences sexuelles traités par MSF en Afrique, mettant en évidence des différences fondamentales dans l’accès aux soins, ainsi que dans les caractéristiques des agressions et de leurs auteurs selon le sexe de la victime.
DES VICTIMES MASCULINES SOUS-REPRÉSENTÉES
La majorité des victimes de violences sexuelles étant de sexe féminin, la plupart des programmes associés s’adressent aux femmes et aux filles. À titre d’exemple, les cliniques spécialisées dans les violences sexuelles sont parfois directement intégrées au sein des unités mère-enfant.
Or, 7,5 % des victimes étudiées dans ces études de recherche opérationnelle étaient des hommes ou des garçons, bénéficiant potentiellement d’un nombre restreint de points d’accès aux soins. Le stigmate social qui entoure les violences sexuelles (peur de la féminisation, norme culturelle d’invulnérabilité masculine...) contribue à cette sous-représentation. En outre, le fonctionnement des cliniques – qui peuvent exiger des patients qu’ils révèlent immédiatement qu’ils ont subi des violences sexuelles – dissuade souvent les victimes masculines d’appeler à l’aide.
Longtemps négligées, les victimes masculines de violences sexuelles bénéficient peu à peu de l’attention dont elles ont besoin, ainsi que de soins plus adaptés.
PROMOTION DE L’ACCÈS AUX SOINS
Les deux études révèlent l’importance cruciale d'une entrée neutre sans distinction de sexe pour l’accès aux services de prise en charge des victimes de violences sexuelles : cela encouragerait en effet davantage les victimes masculines à demander de l’aide. Les cliniques doivent veiller à ne pas contraindre les patients à révéler immédiatement qu’ils ont subi des violences sexuelles. Grâce aux campagnes de déstigmatisation et à une conscience accrue de la disponibilité d’une assistance dédiée, les parents et tuteurs des jeunes victimes jouent sans doute un rôle clé en ce qu’ils aident les enfants à bénéficier d’une prise en charge adéquate.
D’après les conclusions de ces études, il conviendrait de former plus adéquatement le personnel médical, de développer le soutien psychosocial en clinique ainsi que de mener des activités de promotion de la santé au sein des communautés afin que les victimes – quel que soit leur sexe – soient le plus tôt possible identifiées et orientées en vue d’une prise en charge adaptée et spécialisée. Dans le cadre des opérations de MSF et des projets de ses partenaires, les conclusions des études permettent de garantir une prise en charge complète des victimes de violences sexuelles, ainsi que d’améliorer les services.
Focus sur
la recherche en santé sexuelle et reproductive
La santé sexuelle et reproductive s’intéresse aux questions de bien-être social, mental et physique en lien avec le système reproducteur. Elle englobe de nombreux sujets, des violences sexuelles et sexistes, à l’accès à la contraception, en passant par la sensibilisation aux maladies sexuellement transmissibles (MST) et la prise en charge adéquate des mères et des enfants. À titre d’exemple, dans bon nombre des pays d’intervention de MSF, les taux de mortalité maternelle figurent parmi les plus élevés au monde, mettant en évidence la nécessité d’une couverture accrue des soins essentiels et spécialisés, d’une meilleure compréhension des raisons de cette tendance, ainsi que de l’identification des moyens à la disposition de MSF pour combler cet écart.
Explorant les aspects scientifiques de la santé sexuelle et reproductive d’un point de vue médical et social, LuxOR organisera à compter de septembre 2019 une formation SORT IT, une formation en recherche opérationnelle dédiée qui aboutira à des résultats scientifiques vers le milieu de l’année 2020.
En 2018, le Nigéria a connu l’une des pires épidémies de fièvre de Lassa de son histoire. Près de 3 500 suspicions de cas ont été signalées, et 27 % des patients contaminés ont perdu la vie.
UNE MALADIE INFECTIEUSE DIFFICILE À COMBATTRE
La fièvre de Lassa est une fièvre hémorragique qui fait des ravages en Afrique de l’Ouest, et particulièrement au Nigéria, en Sierra Leone, en Guinée, au Libéria, ainsi que dans les pays limitrophes. Le virus se transmet par contact direct avec les urines ou les excréments des souris multimammates, ou avec le sang ou les fluides corporels d’un autre malade. Environ 80 % des patients présentent des symptômes modérément graves, fréquemment mal diagnostiqués. Ils souffrent souvent de fièvre, de douleurs musculaires et au niveau de la poitrine, de vomissements, de diarrhées, de convulsions et de perte auditive. Un tiers des patients développent une surdité pouvant s’avérer permanente.
MSF s’est associée à l’intervention de lutte contre l’épidémie en mars 2018, et soutient depuis lors le Federal Teaching Hospital d’Abakaliki (FETHA), dans l’État d’Ebonyi, troisième région la plus durement touchée au cours de l’épidémie.
PRÉVENIR LES INFECTIONS ET MIEUX COMPRENDRE LA FIÈVRE DE LASSA
Afin d’aider l’État d’Ebonyi à être mieux préparé aux futures épidémies, MSF a contribué au renouvellement des équipements de protection des laboratoires et du personnel médical, fourni des outils et directives de diagnostic et de prise en charge de la maladie, amélioré les normes de prévention et de contrôle de la contamination (p. ex., promotion de l’hygiène des mains), oeuvré à la construction d’un incinérateur permettant d’éliminer en toute sécurité les déchets contaminés à l’hôpital d’Abakaliki, et sensibilisé les communautés au risque de fièvre de Lassa.
À l’hôpital d’Abakaliki, LuxOR oeuvre à évaluer et à améliorer la manière de collecter de façon systématique et opportune les données essentielles des patients. Comme il n’existe aucun formulaire standard ni aucune base de données permettant de collecter ces informations, il n’est pas possible de recueillir et d’analyser l’ensemble des données nécessaires. Les divers efforts de documentation de la fièvre de Lassa devraient permettre de combler le déficit de connaissances concernant la transmission de la maladie du rat à l’homme, d’obtenir des estimations plus précises des cas de fièvre de Lassa confirmés, mais aussi de favoriser la mise au point d’un vaccin.
Focus sur
le diagnostic des maladies infectieuses dans les laboratoires mobiles
En situation d’épidémie de maladie infectieuse, il est crucial de diagnostiquer correctement les patients afin de traiter les populations touchées et d’endiguer la pathologie. Pendant l’épidémie de virus Ebola qui a frappé l’Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016, plusieurs centres de traitement de MSF ont dû, dans un premier temps, recourir à des laboratoires hors site pour diagnostiquer les patients, ce qui a entraîné d’importants retards dans l’identification et le traitement adéquats de la maladie.
En vue de rationaliser les opérations, MSF a ainsi conçu un laboratoire à l’intérieur d’un conteneur en métal, permettant le diagnostic sur site d’Ebola, ainsi que la réalisation de tests de surveillance hématologique et biochimique pour une meilleure prise en charge des patients. Ces laboratoires aménagés dans des conteneurs peuvent également être employés dans le cadre d’autres épidémies de maladies infectieuses et hautement mortelles nécessitant l’isolation des patients.
Bénéficiant de l’expérience acquise en Afrique de l’Ouest et soutenu par une étude de recherche opérationnelle qui a documenté cette approche, un prototype de laboratoire mobile similaire a été installé sous une tente lors de l’épidémie de virus Ebola dans la province de l’Équateur (RDC) en 2018.
Les difficultés du périple, le déplacement prolongé et les conditions de vie inadaptées au sein des camps ou des centres d’accueil installés aux frontières européennes ou dans les pays de destination sont autant de sources potentielles de troubles mentaux pour les migrants et les réfugiés. Une série d’études de recherche opérationnelle nous en apprend plus sur les risques associés et s’intéresse aux défis d’une prise en charge adaptée pour ces personnes.
DES CAMPS SURPEUPLÉS ET DES SERVICES ABSENTS AUX FRONTIÈRES DE L’EUROPE
Une étude menée sur l’île de Lesbos en Grèce révèle que les réfugiés vivant dans des camps surpeuplés souffrent de mauvais traitements réguliers ainsi que de stress traumatique permanent (estime de soi anéantie, conditions de vie insalubres et dangereuses, humiliations, manque d’accès aux informations nécessaires à la prise de décisions...). Par ailleurs, les réfugiés et migrants n’ont pas accès à des services de santé mentale adaptés, pourtant d’une importance cruciale. Il est impératif de mettre fin à ce dangereux surpeuplement, ainsi qu’à ces mauvais traitements dans les camps pour améliorer la santé mentale des migrants transitant par la Grèce.
Bon nombre de migrants et de réfugiés arrivés en Europe ont été victimes de violences, de tortures ou encore de persécution dans leur pays d’origine ou pendant leur périple. Offrir aux victimes de tortures des soins médicaux et psychologiques, ainsi qu’une aide juridique et sociale, est donc indispensable pour prévenir l’apparition de graves pathologies mentales et physiques chroniques. En Italie, LuxOR a contribué à une étude qualitative portant sur l’identification et la prise en charge, par le personnel des centres d’accueil, des victimes de tortures. Ses résultats révèlent un manque de formation et de connaissance des procédures d’identification des victimes de tortures et soulignent le besoin de ressources et services pluridisciplinaires plus spécifiques.
LES DÉFIS DES RÉGIMES D’ASILE DANS LES PAYS DE DESTINATION
En Suède, MSF a fourni des services de conseil, des premiers secours psychologiques, ainsi que d’autres formes de soutien psychosocial au sein de centres d’accueil et de structures d’hébergement pour demandeurs d’asile. Une étude y a révélé la présence fréquente de symptômes de dépression et de traumatismes non résolus chez les demandeurs d’asile nouvellement arrivés, ainsi que chez les personnes en demande d’asile depuis longtemps. En Belgique, une étude similaire explore certains risques découlant des conditions d’accueil post-migration : réduction de l’autonomie personnelle, limitation du bien-être, difficultés d’intégration dans la communauté au sens large.
Les résultats et recommandations issus de l’ensemble des études sont appliqués en permanence pour renforcer les projets de MSF aux frontières européennes et dans les pays de destination, ainsi que pour plaider en faveur de l’amélioration des conditions d’accueil et procédures d’asile.
Focus sur
la santé mentale sur l’île de Nauru
Sur l’île de Nauru, au nord-ouest de la côte australienne, MSF a commencé à fournir un soutien psychologique aux réfugiés, demandeurs d’asile et nationaux en 2017. Après avoir été forcée par le gouvernement nauruan à quitter l’île, MSF a publié un rapport sur la souffrance mentale extrême à Nauru, où des demandeurs d’asile et réfugiés demeurent bloqués en raison de la politique australienne de détention extraterritoriale à durée indéterminée. LuxOR a contribué à l’analyse scientifique des données médicales, mettant en évidence des taux élevés de pensées suicidaires et tentatives de suicide, ainsi que des troubles mentaux en constante détérioration chez les patients compte tenu de la situation de l’île et des conditions de vie qu’elle offre.
Aperçu d'autres activités de l'année
L’ENGAGEMENT DES BÉNÉVOLES

TOUT AU LONG DE L'ANNÉE...DES SUPPORTERS MOTIVÉS




MERCI À CHACUN DE NOS SUPPORTERS POUR LEUR FORMIDABLE ENGAGEMENT. ET VOUS, QUEL SERA VOTRE DÉFI POUR LE MSF SOLIDARITY CHALLENGE ?
EN IRAK, LA SITUATION SÉCURITAIRE DEMEURE TRÈS FRAGILE

L’hôpital MSF de Mossoul-Ouest est l’un des deux seuls hôpitaux fonctionnels dans cette partie de la ville et il est exploité 24 h/24 afin de répondre à la demande. Lors de la reprise de Mossoul, la première phase de notre intervention était axée sur les blessés de guerre. Aujourd’hui, dans le Mossoul d’après conflit, notre intervention s’est transformée en un service plus classique pour la communauté. Chaque mois, nous avons accompagné 400 accouchements, effectué 120 opérations chirurgicales et admis plus de 2 000 patients dans notre service d’urgences.
« QUAND ON A UN LIT À OFFRIR POUR LA NUIT, ON L’OFFRE »

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Assemblée Générale

ING NIGHT MARATHON LUXEMBOURG


JOURNÉE DE LA RECHERCHE OPÉRATIONNELLE À BRUXELLES

PRISE EN CHARGE DE PATIENTS ATTEINTS DE MALADIES NON TRANSMISSIBLES EN MAURITANIE

MSF a commencé à travailler en Mauritanie en 2012, lorsque des milliers de personnes ont fui le conflit dans le nord du Mali et se sont installées dans le camp de Mbéra, à la frontière entre les deux pays. Le camp accueille actuellement toujours plus de 50 000 réfugiés.
Nos équipes ont fourni une assistance médicale dans le camp de Mbéra, comprenant des soins prénatals et postnatals, la planification familiale, l'obstétrique et la néonatalogie, le traitement des maladies chroniques et infectieuses et le soutien nutritionnel. Nous avons également fourni des soins aux communautés locales voisines du camp de réfugiés.
Anita Williams, Operational Research Support Officer pour MSF, qui agit en qualité de référent LuxOR pour les maladies non transmissibles (NCD), a rendu visite aux équipes MSF qui travaillent dans ce camp de réfugiés. Elle a contribué à mettre en place une base de données qui servira pour son prochain projet de recherche opérationnelle ; l’objectif de cette base de données étant de recueillir les données thérapeutiques des patients atteints de NCD, comme l’hypertension ou le diabète.
UN CONGRÈS AU CANADA

RÉUNION D'INFORMATION MISSION TERRAIN

Si vous aussi, vous souhaitez rejoindre les équipes de Médecins Sans Frontières sur le terrain, suivez-nous sur LinkedIn ou sur msf.lu pour connaître les prochaines dates de réunion, ou écrivez à catherine.jager@luxembourg.msf.org.
TÉMOIGNER DE LA FORCE DU LEGS

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ENCOURAGER NOS ÉQUIPES

Continuez votre formidable action. Je vous souhaite une bonne année à vous et aux équipes MSF.
Bravo pour votre travail ! J’espère que vous inspirerez de jeunes personnes. Mes meilleurs voeux pour la nouvelle année. Félicitations pour votre engagement depuis des années.
Quelle force pour toujours recommencer et ne jamais perdre courage. Que l'année 2019 vous réserve de nombreux moments de bonheur, malgré la misère qui vous entoure!