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Rapport d'activité 2017 MSF Luxembourg

Zoom sur 3 urgences

Au bord du fleuve Naf, des réfugiés rohingyas en provenance du Myanmar, attendent la permission de poursuivre leur voyage vers les camps de réfugiés près de Cox's Bazar, au Bangladesh. © Moises Saman/Magnum Photos for MSF

Zoom sur 3 urgences

    BANGLADESH

    En l’espace d’un mois, les attaques et la violence ont décimé la population rohingya au Myanmar

    Durant quatre jours, nous avons marché à travers les collines, les champs et les rivières. Nous avons traversé de nombreux villages incendiés. Il ne restait plus personne. Il y avait des cadavres le long du chemin; les enfants étaient effrayés.
    Témoignage d'un réfugié rohingya

    À partir du 25 août, les Rohingyas, une des minorités les plus persécutées au monde, ont été pris pour cibles par l’armée birmane, la police et des milices locales dans l’État de Rakhine au Myanmar.

    Suite à cette violence, près de 688 000 Rohingyas ont fui le pays vers le Bangladesh, parce qu’ils s’y sentaient en danger, menacés et harcelés. Leur arrivée au Bangladesh venait s'ajouter aux centaines de milliers d'autres Rohingyas qui se trouvaient déjà dans les camps de réfugiés du district de Cox’s Bazar, après avoir fui d’autres moments de tension et de violences au Myanmar les années précédentes. MSF estime qu’au moins 9 400 Rohingyas ont perdu la vie au Myanmar entre le 25 août et le 24 septembre, dont 6 700 ont été tués, victimes d’actes de violence. Hommes, femmes, enfants : personne n’a été épargné. Parmi ces morts, on compte, au minimum, 730 enfants de moins de 5 ans.

    Au  total, 71,7%  des décès durant cette période sont dus à la violence, dont 69,4% le sont de tirs par balle. Le taux de mortalité a été treize fois plus élevé entre août et septembre que durant la période de mai à août. Les dix jours suivant le 25 août ont été les plus meurtriers, faisant 43,8% des morts.

    Tableau récapitulatif des différentes causes 
    de mort violente des Rohingyas au
    Myanmar du 25 août au 24 septembre 2017.

     

    TOTAL
    POPULATION

    ENFANTS
    <5 ANS

    VIOLENCE (% DE MORTS)

    71,7%

    5,0%

    CAUSE DE MORT VIOLENTE

     

     

    TABASSAGE

    5,0%

    6,9%

    VIOLENCE SEXUELLE

    2,6%

    0,0%

    TIRS PAR BALLE

    69,4%

    59,1%

    FOYER BRÛLÉ

    8,8%

    14,8%

    Les besoins humanitaires restent immenses à Cox's Bazar

    En réponse à l'afflux de réfugiés dans le district de Cox's Bazar au sud-est du Bangladesh, MSF a considérablement accru sa présence dans la région, avec des opérations élargies couvrant l'eau, l'assainissement et les activités médicales pour la population réfugiée.

    La situation des réfugiés rohingyas est précaire : ils vivent dans des abris de fortune au sein de campements surpeuplés. Nombre d'entre eux n'ont pas accès à l'eau potable et vivent dans de difficiles conditions d'hygiène et d'assainissement. C'est pourquoi l'une des priorités des équipes MSF lors des premières semaines a été l’amélioration de la qualité de l’eau et de l’assainissement, ainsi que l’accès à des soins de santé primaires.

    Dans ce contexte de forte densification, de logements inadéquats et d’état d’immunité très faible, le risque de propagation d’une épidémie reste toujours élevé. D’autant plus que la communauté rohingya n'avait que peu ou pas d'accès aux soins de santé de routine au Myanmar. La vaccination systématique des Rohingyas et des populations hôtes est donc cruciale.

    Les principales causes de morbidité chez les patients accueillis dans les cliniques MSF sont les infections des voies respiratoires et les maladies diarrhéiques (qui sont directement liées à la précarité des abris et à la situation de l’eau et de l’assainissement dans les camps). Entre fin août et fin décembre 2017, plus de 200 000 patients ont été traités dans les centres de soins ambulatoires de MSF et 4 938 patients ont été hospitalisés.

    Après l’afflux des réfugiés les premiers mois, la priorité des équipes MSF est maintenant de consolider les activités médicales dans la vingtaine de centres de santé MSF, de se concentrer sur les services de soins médicaux secondaires et sur la réponse d’urgence aux épidémies. Les équipes MSF doivent être prêtes à répondre si la crise se prolonge et tombe dans l’oubli.

    Kate Nolan

    coordinatrice d'urgence MSF au Bangladesh

    C’est l’ampleur de la situation qui me frappe ici : le nombre énorme de personnes qui ont traversé la frontière en si peu de temps, à peine six mois. Les réfugiés se retrouvent dans des camps improvisés, précaires et densément peuplés. Leurs abris sont généralement construits en plastique et en bambou, les uns contre les autres et avec des conditions inadéquates d’accès à l’eau et à l’assainissement.

     

    YÉMEN

    Trois ans de conflit qui ont ravagé le pays

    La situation humanitaire au Yémen s’est progressivement détériorée depuis le déclenchement de la guerre. L’escalade des combats a créé une urgence humanitaire pour 11,3 millions de personnes. Selon les Nations unies, 1/3 de la population dépend directement de l'aide humanitaire, alors que le conflit, qui a déjà causé plus de 9 000 morts et plus de 50 000 blessés parmi les civils, ne semble pas vouloir s’apaiser.

    L’effondrement du système de santé

    L’ONU rapporte que plus de la moitié des établissements de santé du pays ont cessé de fonctionner en raison de dommages ou d’un manque de personnel ou d’approvisionnement. En effet, 1 900 des 3 507 centres de santé ne fonctionnent pas ou seulement partiellement, affectant l’accès aux soins de santé de millions de personnes.

    D’une épidémie à l’autre

    À la fin du mois de mars, une épidémie de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë débute. D’avril 2017 à février 2018, plus d’un million de cas suspects ont été identifiés selon l’OMS. 2 258 morts ont été enregistrées. Au cours de cette épidémie, MSF a admis plus de 103 000 patients, dans 37 Centre de Traitement du Choléra (CTC) et points de réhydratation orale. Les enfants de moins de 15 ans représentaient près de 40% des cas suspects identifiés et environ un quart des décès. En octobre, MSF ferme la majorité des CTC en raison d’une baisse importante du nombre de cas de choléra admis dans ses centres.

    En décembre, une nouvelle menace survient, alors que le pays se remet à peine de l’épidémie majeure de choléra. 318 cas suspects de diphtérie et 28 décès sont signalés dans 15 des 20 gouvernorats du Yémen. La moitié des cas suspects sont des enfants âgés de 5 à 14 ans et près de 95% des personnes décédées avaient moins de 15 ans. MSF ouvre alors une unité de traitement de la diphtérie à l’hôpital Nasser de la ville d’Ibb.

    Le Yémen est l’un des plus importants terrains d’intervention de MSF dans le monde. Plus de 1 800 Yéménites travaillent pour MSF et l’organisation soutient 1138 employés du ministère de la Santé, ainsi que des journaliers.

    Cependant, une aide humanitaire beaucoup plus importante est nécessaire au Yémen : la guerre accroît les besoins de la population un peu plus chaque jour.

    Marc Poncin

    coordinateur d'urgence pour MSF à Ibb au Yémen

    Après trois ans de violence et un blocus sur les approvisionnements, y compris les médicaments et les vaccins, les infrastructures de santé sont en lambeaux.

    ACTIVITÉS DES ÉQUIPES MSF AU YÉMEN DE MARS 2015 À DÉCEMBRE 2017

    MSF travaille dans 13 hôpitaux et centres de santé au Yémen et apporte son soutien à plus de 20 hôpitaux ou centres de santé répartis dans 11 gouvernorats yéménites.

    72 291

    blessés de guerre et de violence soignés

    718 802

    patients en salle d'urgence

    54 313

    interventions chirurgicales

    23 411

    enfants admis en service pédiatrique

    205 240

    consultations générales pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays

    10 291

    cas de paludisme traités

    9 515

    cas de malnutrition traités

    107 966

    patients admis dans les centres de traitement du choléra de MSF

    43 890

    accouchements

    3 912

    tonnes de fournitures et d'équipements médicaux expédiées au Yémen

     

     

     

     

     

     

     

     

    IRAK

    Les civils pris au piège de la guerre

    Après des années de conflit et d’instabilités, le secteur de la santé dans certaines régions du pays est pratiquement au point mort. De nombreuses structures de santé ont été détruites et il y a souvent des lacunes dans la disponibilité des fournitures médicales et dans le paiement des salaires des travailleurs de la santé.

    Les équipes MSF dispensent des soins aux communautés irakiennes les plus vulnérables, aux familles de déplacés et aux réfugiés syriens qui ont des difficultés à accéder aux soins de santé de base.

    La bataille de Mossoul

    D’octobre 2016 à juillet 2017, Mossoul, deuxième ville d’Irak, a été le théâtre d’une lutte acharnée entre l’État islamique (EI) et la coalition irakienne, entraînant un impact dévastateur sur les civils. Durant cette période, de nombreux civils sont tués ou blessés dans la ville et lors de leur fuite, par des explosions, des bombardements ou des tirs. Les populations qui fuient massivement s'installent dans des camps, dans les gouvernorats d’Erbil et de Ninive. Les équipes MSF ont travaillé sans relâche, près de la ligne de front ou à proximité, pour fournir des services de traumatologie aux personnes frappées par la violence.

    Après neuf mois d’affrontements, l’armée irakienne a repris le contrôle de Mossoul. Mais les maisons, les infrastructures et les services étaient presque entièrement détruits, endommagés ou hors d’usage. La reconstruction s’annonce comme un immense défi. Les équipes MSF aident à réparer les installations médicales et à fournir des services de santé aux enfants et aux adultes qui reviennent dans la ville.

    Enzo Cicchirillo

    Coordinateur terrain pour MSF en Irak

    Depuis que Mossoul-Ouest a été reprise des mains du groupe État islamique (EI), ses habitants ont commencé à regagner la ville. Mais les maisons, les infrastructures et les services ont été presque entièrement détruits. La plupart des hôpitaux et des cliniques ont été bombardés et la ville souffre d’une importante pénurie de services, d’équipement, de personnel médical et de médicaments.

     

    ACTIVITÉS DES ÉQUIPES MSF 
EN IRAK EN 2017

    MSF emploie 1 431 nationaux et 156 expatriés dans le pays.

    209 456

    consultations médicales

    85 658

    consultations en salle d'urgence

    50 168

    consultations en santé sexuelle et reproductive

    34 155

    consultations pour les maladies non-transmissibles

    4 115

    naissance les 6 derniers mois de 2017

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    MSF en Irak

    En 2017, MSF a travaillé dans 10 gouvernorats. L’organisation a dispensé des soins de base, des programmes de nutrition, des soins traumatologiques, de la chirurgie d’urgence, des soins maternels, des traitements contre les maladies chroniques, un soutien psychologique, ainsi que des ateliers d’éducation à la santé.