BANGLADESH
En l’espace d’un mois, les attaques et la violence ont décimé la population rohingya au Myanmar
Durant quatre jours, nous avons marché à travers les collines, les champs et les rivières. Nous avons traversé de nombreux villages incendiés. Il ne restait plus personne. Il y avait des cadavres le long du chemin; les enfants étaient effrayés.
Témoignage d'un réfugié rohingya
À partir du 25 août, les Rohingyas, une des minorités les plus persécutées au monde, ont été pris pour cibles par l’armée birmane, la police et des milices locales dans l’État de Rakhine au Myanmar.
Suite à cette violence, près de 688 000 Rohingyas ont fui le pays vers le Bangladesh, parce qu’ils s’y sentaient en danger, menacés et harcelés. Leur arrivée au Bangladesh venait s'ajouter aux centaines de milliers d'autres Rohingyas qui se trouvaient déjà dans les camps de réfugiés du district de Cox’s Bazar, après avoir fui d’autres moments de tension et de violences au Myanmar les années précédentes. MSF estime qu’au moins 9 400 Rohingyas ont perdu la vie au Myanmar entre le 25 août et le 24 septembre, dont 6 700 ont été tués, victimes d’actes de violence. Hommes, femmes, enfants : personne n’a été épargné. Parmi ces morts, on compte, au minimum, 730 enfants de moins de 5 ans.
Au total, 71,7% des décès durant cette période sont dus à la violence, dont 69,4% le sont de tirs par balle. Le taux de mortalité a été treize fois plus élevé entre août et septembre que durant la période de mai à août. Les dix jours suivant le 25 août ont été les plus meurtriers, faisant 43,8% des morts.
Tableau récapitulatif des différentes causes
de mort violente des Rohingyas au
Myanmar du 25 août au 24 septembre 2017.
TOTAL |
ENFANTS |
|
---|---|---|
VIOLENCE (% DE MORTS) |
71,7% |
5,0% |
CAUSE DE MORT VIOLENTE |
|
|
TABASSAGE |
5,0% |
6,9% |
VIOLENCE SEXUELLE |
2,6% |
0,0% |
TIRS PAR BALLE |
69,4% |
59,1% |
FOYER BRÛLÉ |
8,8% |
14,8% |
Les besoins humanitaires restent immenses à Cox's Bazar
En réponse à l'afflux de réfugiés dans le district de Cox's Bazar au sud-est du Bangladesh, MSF a considérablement accru sa présence dans la région, avec des opérations élargies couvrant l'eau, l'assainissement et les activités médicales pour la population réfugiée.
La situation des réfugiés rohingyas est précaire : ils vivent dans des abris de fortune au sein de campements surpeuplés. Nombre d'entre eux n'ont pas accès à l'eau potable et vivent dans de difficiles conditions d'hygiène et d'assainissement. C'est pourquoi l'une des priorités des équipes MSF lors des premières semaines a été l’amélioration de la qualité de l’eau et de l’assainissement, ainsi que l’accès à des soins de santé primaires.
Dans ce contexte de forte densification, de logements inadéquats et d’état d’immunité très faible, le risque de propagation d’une épidémie reste toujours élevé. D’autant plus que la communauté rohingya n'avait que peu ou pas d'accès aux soins de santé de routine au Myanmar. La vaccination systématique des Rohingyas et des populations hôtes est donc cruciale.
Les principales causes de morbidité chez les patients accueillis dans les cliniques MSF sont les infections des voies respiratoires et les maladies diarrhéiques (qui sont directement liées à la précarité des abris et à la situation de l’eau et de l’assainissement dans les camps). Entre fin août et fin décembre 2017, plus de 200 000 patients ont été traités dans les centres de soins ambulatoires de MSF et 4 938 patients ont été hospitalisés.
Après l’afflux des réfugiés les premiers mois, la priorité des équipes MSF est maintenant de consolider les activités médicales dans la vingtaine de centres de santé MSF, de se concentrer sur les services de soins médicaux secondaires et sur la réponse d’urgence aux épidémies. Les équipes MSF doivent être prêtes à répondre si la crise se prolonge et tombe dans l’oubli.
YÉMEN
Trois ans de conflit qui ont ravagé le pays
La situation humanitaire au Yémen s’est progressivement détériorée depuis le déclenchement de la guerre. L’escalade des combats a créé une urgence humanitaire pour 11,3 millions de personnes. Selon les Nations unies, 1/3 de la population dépend directement de l'aide humanitaire, alors que le conflit, qui a déjà causé plus de 9 000 morts et plus de 50 000 blessés parmi les civils, ne semble pas vouloir s’apaiser.
L’effondrement du système de santé
L’ONU rapporte que plus de la moitié des établissements de santé du pays ont cessé de fonctionner en raison de dommages ou d’un manque de personnel ou d’approvisionnement. En effet, 1 900 des 3 507 centres de santé ne fonctionnent pas ou seulement partiellement, affectant l’accès aux soins de santé de millions de personnes.
D’une épidémie à l’autre
À la fin du mois de mars, une épidémie de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë débute. D’avril 2017 à février 2018, plus d’un million de cas suspects ont été identifiés selon l’OMS. 2 258 morts ont été enregistrées. Au cours de cette épidémie, MSF a admis plus de 103 000 patients, dans 37 Centre de Traitement du Choléra (CTC) et points de réhydratation orale. Les enfants de moins de 15 ans représentaient près de 40% des cas suspects identifiés et environ un quart des décès. En octobre, MSF ferme la majorité des CTC en raison d’une baisse importante du nombre de cas de choléra admis dans ses centres.
En décembre, une nouvelle menace survient, alors que le pays se remet à peine de l’épidémie majeure de choléra. 318 cas suspects de diphtérie et 28 décès sont signalés dans 15 des 20 gouvernorats du Yémen. La moitié des cas suspects sont des enfants âgés de 5 à 14 ans et près de 95% des personnes décédées avaient moins de 15 ans. MSF ouvre alors une unité de traitement de la diphtérie à l’hôpital Nasser de la ville d’Ibb.
Le Yémen est l’un des plus importants terrains d’intervention de MSF dans le monde. Plus de 1 800 Yéménites travaillent pour MSF et l’organisation soutient 1138 employés du ministère de la Santé, ainsi que des journaliers.
Cependant, une aide humanitaire beaucoup plus importante est nécessaire au Yémen : la guerre accroît les besoins de la population un peu plus chaque jour.
IRAK
Les civils pris au piège de la guerre
Après des années de conflit et d’instabilités, le secteur de la santé dans certaines régions du pays est pratiquement au point mort. De nombreuses structures de santé ont été détruites et il y a souvent des lacunes dans la disponibilité des fournitures médicales et dans le paiement des salaires des travailleurs de la santé.
Les équipes MSF dispensent des soins aux communautés irakiennes les plus vulnérables, aux familles de déplacés et aux réfugiés syriens qui ont des difficultés à accéder aux soins de santé de base.
La bataille de Mossoul
D’octobre 2016 à juillet 2017, Mossoul, deuxième ville d’Irak, a été le théâtre d’une lutte acharnée entre l’État islamique (EI) et la coalition irakienne, entraînant un impact dévastateur sur les civils. Durant cette période, de nombreux civils sont tués ou blessés dans la ville et lors de leur fuite, par des explosions, des bombardements ou des tirs. Les populations qui fuient massivement s'installent dans des camps, dans les gouvernorats d’Erbil et de Ninive. Les équipes MSF ont travaillé sans relâche, près de la ligne de front ou à proximité, pour fournir des services de traumatologie aux personnes frappées par la violence.
Après neuf mois d’affrontements, l’armée irakienne a repris le contrôle de Mossoul. Mais les maisons, les infrastructures et les services étaient presque entièrement détruits, endommagés ou hors d’usage. La reconstruction s’annonce comme un immense défi. Les équipes MSF aident à réparer les installations médicales et à fournir des services de santé aux enfants et aux adultes qui reviennent dans la ville.
MSF en Irak
En 2017, MSF a travaillé dans 10 gouvernorats. L’organisation a dispensé des soins de base, des programmes de nutrition, des soins traumatologiques, de la chirurgie d’urgence, des soins maternels, des traitements contre les maladies chroniques, un soutien psychologique, ainsi que des ateliers d’éducation à la santé.